La consommation énergétique de l’intelligence artificielle menace la transition énergétique
Les grands acteurs du secteur de l’intelligence artificielle (IA) sont engagés dans une compétition effrénée pour développer des modèles toujours plus puissants. Cette course à la taille nécessite des ressources considérables en électricité et en eau, mettant en péril les avancées vers une transition énergétique mondiale durable.
Un discours séduisant, mais des impacts préoccupants
Microsoft, leader américain dans le domaine, prône l’utilisation de l’intelligence artificielle pour résoudre divers défis environnementaux, tels que la protection des forêts et la capture du carbone. Toutefois, ces revendications masquent souvent l’empreinte écologique grandissante des IA génératives. L’optimisation des ressources, bien que prometteuse, reste encore largement sous-déployée.
Une montée en puissance énergique inquiétante
La création et l’exploitation de ces outils sophistiqués exigent une énergie démesurée pour alimenter les centres de données. Par exemple, Google a annoncé qu’il serait impossible d’atteindre la « neutralité carbone » en raison des besoins énergétiques croissants depuis le lancement de son IA, Gemini, en 2023, où un retour à cette neutralité n’est envisagé qu’en 2030.
Les grandes entreprises technologiques, face à leur dépendance à l’énergie renouvelable, se tournent désormais vers l’énergie nucléaire. Microsoft, cherchant à intégrer l’IA dans tous ses produits, a signé un contrat avec Constellation, pour relancer une centrale fermée depuis 25 ans. Amazon, de son côté, a déjà établi des liens avec d’autres centrales nucléaires.
Des prévisions alarmantes sur la consommation électrique
Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande d’électricité des centres de données et des infrastructures dédiées à l’IA pourrait doubler entre 2022 et 2026, représentant une augmentation de 160 à 590 térawattheures. Si ces infrastructures ne sont pas alimentées par une électricité propre, leurs émissions de CO2 resteront très élevées.
En parallèle, la puissance nécessaire pour entraîner des intelligences artificielles a doublé tous les 3,4 mois depuis 2012. Les émissions de CO2 résultant de la création d’un modèle d’IA de grande envergure, comme ChatGPT, peuvent équivaloir à 284 tonnes de CO2, soit l’équivalent de plusieurs centaines de vols transcontinentaux.
Un appétit insatiable pour l’eau
En plus de leur consommation énergétique, ces centres de données requièrent d’importantes quantités d’eau pour éviter la surchauffe des serveurs. Une interaction avec un modèle comme ChatGPT-3 pourrait engendrer une consommation moyenne de 0,5 litre d’eau. Ce besoin massif commence à créer des tensions avec d’autres secteurs, notamment l’agriculture, dans des régions où la sécheresse est monnaie courante.
L’impact environnemental des technologies liées à l’IA
Enfin, l’essor de l’intelligence artificielle augmente également la demande en semi-conducteurs, entraînant une extraction accrue de terres rares, souvent synonyme de dégradation environnementale. Les prévisions anticipent un doublement des déchets électroniques d’ici 2050, augmentant ainsi la quantité de matériaux toxiques rejetés dans l’environnement.
Pour répondre à ces enjeux, la transparence et la responsabilité des géants technologiques sont plus que jamais nécessaires. Des législations émergent, tant en Europe qu’aux États-Unis, visant à améliorer l’efficacité énergétique des serveurs et à évaluer l’empreinte environnementale des produits associés à l’intelligence artificielle.
Il est essentiel d’adopter une approche collective pour minimiser l’impact environnemental de l’IA, impliquant utilisateurs, producteurs et opérateurs. L’innovation pour des modèles plus efficaces et des infrastructures moins énergivores sera cruciale pour garantir un avenir durable.