RTE présente son projet de ligne électrique en Camargue
Sept mois et demi après le lancement de la concertation préalable, RTE (Réseau de transport d’électricité) dévoile ce vendredi à Marseille son projet de ligne électrique aérienne reliant Fos-sur-Mer à Jonquières-Saint-Vincent. Ce projet suscite de vives réactions parmi de nombreux élus, agriculteurs et associations de défense de l’environnement.
Un nouvel axe électrique de 400.000 volts
Le projet proposé par RTE consiste en la création d’une nouvelle ligne électrique aérienne de 400.000 volts entre les postes électriques de Feuillane, situés dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et de Jonquières (Gard). Selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, « D’ici 2030, les besoins d’électricité vont considérablement augmenter. » La nécessité d’adapter le réseau électrique est ainsi soulignée, notamment face au mouvement d’électrification des habitants et des entreprises de la région.
RTE précise que cette ligne doit également soutenir le processus de décarbonation de Fos-sur-Mer, en facilitant l’installation de projets liés à la transition énergétique comme le développement des data centers, le raccordement des navires à quai ou encore l’électrification des usages domestiques.
Opposition locale face au projet
Le projet, qui transiterait par l’ouest du Rhône, en Camargue, fait l’objet d’une forte opposition. Parmi les deux hypothèses de fuseaux envisagées, celle passant à l’ouest est particulièrement décriée. Le maire de Bellegarde, Juan Martinez (DIV), avertit : « Si RTE et l’État pensent que ça va se passer entre amis, ils se trompent. » Des mesures fortes pourraient être envisagées, incluant la mise en place d’une zone à défendre (ZAD) par les agriculteurs.
Bien que les opposants ne soient pas contre le principe de décarbonation, ils redoutent des conséquences néfastes pour l’environnement et le paysage. Juan Martinez déclare : « On va balafrer l’environnement, sacrifier le tourisme… » Tandis que le maire de Beaucaire, Nelson Chaudon (RN), a engagé des avocats pour s’opposer au projet, citant un risque de défiguration des paysages et d’impact sur les terres agricoles.
Des impacts environnementaux à prendre en compte
Un collectif de six gestionnaires de réserves naturelles a récemment exprimé son opposition au projet. Ils craignent que les pylônes, équivalents à des immeubles de quinze à vingt étages, présentent des « impacts directs ou indirects majeurs sur des espaces protégés ». Ces pylônes pourraient affecter des voies de migration d’oiseaux, menaçant ainsi plusieurs espèces migratrices et les continuités écologiques.
Face à ces inquiétudes, les partisans du projet évoquent la nécessité économique et sociale de la ligne, arguant qu’elle est cruciale pour la décarbonation des activités industrielles. Jean-Michel Diaz, président du Groupement maritime industriel Fos et sa région, souligne : « Nous ne disposons pas de la quantité d’électricité bas carbone nécessaire pour éviter de mettre en péril plus de 45.000 emplois sur le territoire. »
Une pétition pour contrecarrer le projet
Les opposants évoquent également que les solutions alternatives n’ont pas été suffisamment explorées, notamment celles concernant des technologies telles que les câbles enterrés et des sites déjà artificialisés. Un sentiment de mépris pour les habitants ressort de leurs déclarations, avec des propositions ignorées lors des consultations.
Agir pour La Crau, une association de défense de l’environnement, a mis en avant des alternatives comme la délocalisation de la production d’hydrogène. De plus, une pétition en ligne lancée contre le projet a déjà recueilli plus de 30.000 signatures, témoignant d’un large mécontentement face à cette initiative de la ligne électrique Camargue.