La révélation des zones propices à l’éolien en mer en France
Ce jeudi est une date attendue depuis plusieurs semaines par les acteurs de la filière. Après cinq mois de débats publics consacrés à la planification maritime, l’État s’apprête à dévoiler sa carte des « zones propices à l’éolien en mer » pour les dix prochaines années ainsi que pour 2050. Cette annonce déterminera l’implantation des futurs parcs, qu’ils soient posés ou flottants, au large des côtes françaises. Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables, souligne l’importance de ce moment, espérant qu’il ne sera pas reporté malgré le changement récent de gouvernement.
Un retard préoccupant dans le développement de l’éolien en mer
Ce besoin d’accélération se justifie par le fait que la France « est très à la bourre » par rapport à ses voisins européens en matière d’éolien en mer. Avec seulement trois parcs opérationnels, dont celui de Saint-Nazaire, mis en service en 2022, et ceux de Saint-Brieuc et de Fécamp récemment inaugurés, la France peine à rattraper son retard. En total, ce sont 213 éoliennes offshore qui génèrent une puissance installée de 1,5 gigawatt, un chiffre dérisoire comparé aux 5.800 turbines installées à travers l’Europe, y compris au Royaume-Uni, représentant une puissance de 30 gigawatts.
Des projets en cours et des objectifs ambitieux
Pour compenser ce retard, plusieurs projets sont actuellement en construction, notamment ceux de Yeu-Noirmoutier, Le Tréport ou Oléron. D’autres ont déjà été identifiés, comme Dunkerque et Belle-Ile. Emmanuel Macron a également annoncé lors des assises de la mer à Nantes le lancement en 2025 d’un appel d’offres ambitieux de dix gigawatts. Ce processus devrait permettre la mise en service d’une dizaine de nouveaux parcs entre 2030 et 2035. Toutefois, pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement français, visant 18 gigawatts en 2035 et 45 en 2050, il est impératif de continuer le développement de l’éolien en mer.
Les différentes façades maritimes concernées
Les quatre façades maritimes françaises (Manche Est/Mer du Nord, Nord Atlantique/Manche Ouest, Sud Atlantique et Méditerranée) seront impliquées dans cette transition énergétique. Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne, insiste sur la nécessité de trouver un traitement équitable pour chaque région tout en maintenant un équilibre entre les éoliennes posées et flottantes.
Une feuille de route nécessaire pour la filière
Les industriels de l’éolien en mer se montrent pressés d’obtenir des informations claires sur les intentions du gouvernement. Stéphane Alain Riou, directeur offshore d’Iberdrola France, rappelle que, bien que des progrès aient été réalisés, le besoin d’une feuille de route précise est essentiel pour garantir les milliers d’emplois en jeu. La loi adoptée en mars 2023, visant à simplifier les procédures et à réduire les contentieux, représente un pas dans cette direction, limitant les recours à une seule instance : le Conseil d’État.
Une opposition toujours présente
Cependant, certains, comme Eric Guillot, un fervent opposant à l’éolien en mer, restent sceptiques. Président de l’association Préserver l’identité environnementale de la Bretagne sud et des îles contre l’éolien en mer (Piebîem), il craint que ces changements réglementaires n’atténuent les préoccupations concernant l’impact environnemental des projets. Guillot met en garde contre une future installation massive d’éoliennes, estimant qu’en l’absence d’action, plus de 300 éoliennes pourraient voir le jour au large de la Bretagne sud d’ici 2050. Il soulève également des inquiétudes quant aux menaces potentielles sur la biodiversité ainsi que sur la fiabilité de l’énergie éolienne.
Les opposants, regroupés en divers collectifs, prévoient de manifester le 19 octobre devant toutes les préfectures afin de demander un moratoire sur l’éolien en France, soulignant que le débat autour de l’implantation de parcs éoliens, tant en mer que sur terre, est loin d’être clos.