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Samantha Harvey remporte le Prix Booker avec ‘L’Orbital’
La romancière britannique Samantha Harvey a remporté le Prix Booker de la fiction 2024 pour son œuvre ‘L’Orbital’, une nouvelle captivante qui explore des réflexions philosophiques sur l’existence humaine, la nature et le temps à travers les yeux d’astronautes à bord de la Station Spatiale Internationale.
Le récit met en lumière la vie de six astronautes durant une journée, effectuant 16 orbites autour de la Terre en 24 heures, leur permettant d’observer à maintes reprises le lever et le coucher du soleil depuis l’espace, où les frontières internationales perdent leur signification.
Un récit poignant
Samantha Harvey, qui a voyagé à travers le monde, enseigné au Japon et vécu en Irlande et en Nouvelle-Zélande, a récemment co-fondé une ONG environnementale et réside à Bath, en Angleterre. Elle a été honorée d’un prix de 50 000 livres sterling (64 000 dollars) pour son roman, qu’elle a commencé à écrire pendant les périodes de confinement dues à la pandémie de COVID-19. Les protagonistes de ‘L’Orbital’ sont des astronautes, isolés ensemble à bord de la station spatiale.
Le livre aborde le coût et le prix que les humains paient pour explorer l’espace, en parallèle avec l’urgence croissante de la crise climatique. Tandis qu’un ouragan menaçant se forme au sud-est de l’Asie, ces six astronautes mènent une existence banale entre les murs de leur laboratoire spatial, interrompue par la beauté saisissante de la planète bleue, oscillant entre la nuit et le jour.
Réflexions sur notre humanité
Harvey décrit une journée dans la vie de six hommes et femmes voyageant dans l’espace – non pas vers la lune ou des contrées lointaines, mais autour de notre planète. Choisis parmi les États-Unis, la Russie, l’Italie, le Royaume-Uni et le Japon, ils s’engagent dans l’une des dernières missions de la station spatiale avant sa désactivation, laissant derrière eux leurs vies pour voyager à une vitesse vertigineuse, pendant que la Terre se balance sous eux.
Les lecteurs aperçoivent des moments de leur vie terrestre à travers des communications brèves avec leurs familles, ainsi que des souvenirs. Ils partagent des repas lyophilisés, flottent en apesanteur, suivent une routine d’exercices pour éviter l’atrophie musculaire, et tissent des liens qui les unissent malgré l’isolement.
Un regard sur la planète
En acceptant le Prix Booker, Harvey a déclaré : « Regarder la Terre depuis l’espace, c’est comme un enfant qui se regarde dans le miroir et découvre que la personne qu’il voit est lui-même. Ce que nous faisons à la Terre, nous le faisons à nous-mêmes. »
Elle a dédié ce prix à « tous ceux qui parlent pour la Terre et qui agissent pour sa défense, aux défenseurs de la dignité humaine et des êtres vivants ». Harvey a également mentionné : « Pour toutes les personnes qui parlent et agissent pour la paix – c’est pour vous. »
Un travail réflexif
Le roman, riche en descriptions poétiques de la beauté de l’univers, s’appuie sur des réflexions philosophiques, invitant les lecteurs à réfléchir à leur place dans l’univers plutôt qu’à suivre une intrigue traditionnelle. Les critiques notent que le texte manque d’événements dramatiques, ce qui a pu laisser certains lecteurs sur leur faim en termes de narration, tandis que d’autres l’ont vu comme une œuvre réflexive remarquable mettant en lumière la beauté de la planète et les complexités de l’existence humaine.
Un prix mérité
Edmund de Waal, écrivain et artiste à la tête du jury, a qualifié ‘L’Orbital’ de « roman miracle », ajoutant que sa narration « rend notre monde étrange et nouveau ». Gaby Wood, directrice de la Fondation Booker, a souligné que dans une année marquée par des crises géopolitiques et probablement la plus chaude jamais enregistrée, le livre gagnant était « plein d’espoir et opportun ».
Harvey, qui a déjà publié quatre romans et un mémoire sur l’insomnie, est la première femme britannique à recevoir le Prix Booker depuis 2020. La récompense, récemment ouverte à tous les écrivains de langue anglaise, a une longue histoire de soutien aux auteurs et de reconnaissance de leur talent.
Les finalistes du Prix Booker
La présence de cinq femmes parmi les finalistes a établi un nouveau record pour le Prix Booker. Ce fut également l’année où Han Kang, la lauréate du Prix Nobel de littérature, a été couronnée, marquant un tournant pour la récompense. Parmi les autres finalistes notables figurent Yael Van der Voden, la première néerlandaise à atteindre cette finale, et des écrivains comme Percival Everett et Rachel Kushner, tous en lice pour le prestigieux prix.