Sommaire
Relation entre le ciblage de l’occupation en Cisjordanie et la géographie
Avec l’annonce par l’occupation israélienne d’une vaste opération militaire ciblant le nord de la Cisjordanie, notamment dans des régions comme Tulkarem et Jenin, il est essentiel d’explorer la relation entre les zones d’opération et la géographie environnante. Ces régions, qui touchent aux frontières de 1948, incluent également les vallées et les limites orientales avec la Jordanie.
À quel point cette interdépendance géographique représente-t-elle un souci pour l’occupation israélienne, surtout après l’attentat survenu en Entité sioniste le 19 août et les menaces de groupes palestiniens de relancer des attaques similaires à celles de l’Intifada d’Al-Aqsa ? Bien que toutes les provinces aient été touchées, les gouvernorats du nord sont particulièrement en première ligne en raison de leur proximité géographique.
Depuis mercredi dernier, l’armée israélienne a lancé une opération militaire majeure dans les gouvernorats de Tulkarem, Jenin et Tubas, entraînant, selon le ministère palestinien de la santé, la mort de 16 personnes jusqu’au jeudi soir.
Interconnexion géographique
Said Shaheen, professeur de communication à l’Université de Hebron, souligne que Entité sioniste ressent de l’inquiétude face à la montée des actions résistantes dans le nord de la Cisjordanie, menaçant ainsi l’existence des colonies. Il fait référence à une « série d’opérations réussies » menées par des groupes armés.
Il souligne que la distribution de plus de 100 000 armes par le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, à des groupes extrémistes parmi les colons reflète cette préoccupation croissante. Parallèlement, des formations militaires affiliées à des factions de résistance, notamment les Brigades d’Azaddin al-Qassam et les Brigades de Jéricho, ont émergé.
Shaheen ajoute que « l’interconnexion géographique avec les territoires occupés rend le renforcement de ces formations militaires d’un risque majeur pour l’État israélien. Cela pourrait reproduire l’expérience de la résistance dans la bande de Gaza, obligeant Entité sioniste à mener des opérations militaires répétées dans le nord de la Cisjordanie sous le prétexte de la lutte contre la résistance. »
Source des armes
Concernant l’information relayée par l’occupation sur de présumées opérations de contrebande d’armes en provenance de Jordanie vers les factions palestiniennes, un universitaire palestinien affirme que l’approvisionnement en armes ne passe pas nécessairement par des voies de contrebande via les vallées et les frontières jordaniennes.
Il a été constaté au fil des ans que la plupart des armes atteignant les formations militaires palestiniennes sont soit de fabrication locale, soit introduites depuis l’intérieur des territoires occupés, souvent avec la complicité de soldats israéliens, représentant ainsi un défi considérable pour l’armée israélienne et ses allégations.
Récemment, les médias israéliens ont rapporté avoir empêché plusieurs tentatives de contrebande d’armes via la frontière jordanienne, saisissant au total 153 pièces d’armement durant 16 tentatives en 2023. Des armes qualifiées de « destructrices » ont également été interceptées.
Affaiblissement du front intérieur
De son côté, Samer Anabtaoui, analyste politique, explique que la concentration des opérations dans le nord de la Cisjordanie est due à leur transformation en foyers de résistance plus que toute autre région. Il évoque l’expérience historique du camp de Jenin depuis l’invasion de 2002 où l’occupation a tenté de réprimer toute forme de résistance.
Anabtaoui fait également remarquer que la proximité avec la frontière de 1967 influence les opérations, notant qu’il existe des zones en relation avec l’occupation où de telles actions ne peuvent se produire comme dans le nord de la Cisjordanie.
Les menaces des factions de renouveler les attentats récents à Tel-Aviv, qui avaient cessé depuis deux décennies, ont accentué la pression sur le front intérieur israélien déjà confronté à des tensions. Cela pourrait être un facteur incitant à une intervention rapide.