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Refus du maire de Nagasaki : un geste symbolique fort
Le maire de la ville de Nagasaki, au Japon, a rejeté cet été l’invitation de l’ambassadeur israélien à participer à la commémoration du bombardement atomique de 1945. Cette décision, chargée de significations profondes, a été mentionnée dans un article de la Gazette, mais n’a pas suscité une grande attention au milieu du calme estival, bien qu’elle soit d’une grande importance.
Une décision sans connotation politique
Selon l’article de Gautier Ambrose, le refus du maire de Nagasaki représente une exception à la norme. Ce choix n’est pas motivé par des considérations politiques, mais vise plutôt à maintenir l’ordre public. La présence d’un représentant d’Entité sioniste risquerait de déclencher une vague de protestations, ce qui ne correspondrait pas au message de paix que la cérémonie cherche à transmettre.
La crise à Gaza et ses répercussions
Ambrose a également souligné que la tragédie qui se déroule à Gaza depuis plusieurs mois a suscité l’indignation parmi les partisans de la paix au Japon. Le discours de menace nucléaire proféré par certains ministres israéliens a particulièrement préoccupé les hibakusha, survivants de l’explosion atomique. Le maire de Nagasaki a choisi de respecter leur indignation, contrairement à son homologue de Hiroshima, qui a maintenu son invitation.
Critique de la communauté internationale
De plus, Ambrose a noté que le G7 a réduit l’État israélien au rang de paria, le traitant de manière similaire à la Russie, qui a été exclue des célébrations de la victoire après son invasion de l’Ukraine.
Il est ironique que cet incident coïncide avec la célébration du 75ème anniversaire des Conventions de Genève, dont le respect est de plus en plus négligé. Cela témoigne d’une érosion silencieuse du droit humanitaire, institué après la Seconde Guerre mondiale dans l’espoir d’éviter que ses atrocités ne se reproduisent.
Interrogations sur les leçons de l’histoire
Dans son analyse, Ambrose s’interroge : « Les leçons de Hiroshima ont-elles été suffisamment apprises ? ». Ce questionnement s’accompagne d’un constat amer : les commémorations de Hiroshima et Nagasaki ne font pas que promouvoir la paix mondiale ou avertir contre l’anéantissement nucléaire. Elles rappellent aussi la nature insupportable de la violence aveugle infligée aux civils, indépendamment de leur origine ou de leur cause.
Les voix des survivants
Les survivants des bombardements atomiques portent ces leçons en eux, comme l’atteste l’écrivain japonais Kenzaburo Oe dans ses essais des années 1960, rassemblés dans un ouvrage intitulé « Notes de Hiroshima ». Par ses rencontres avec ces survivants, Oe a su mettre en lumière la dignité qui émerge de leurs corps meurtris et de leurs esprits marqués par une douleur insupportable.
Il plaide pour leur droit à témoigner de leurs souffrances afin d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent pour les générations futures.
Un appel à la dignité
Finalement, pour le lecteur occidental, le lien entre les survivants de Hiroshima et ceux d’Auschwitz est inévitable. Face à cet appel à la dignité, l’idée de garantir la paix par la force et la terreur semble absurde, voire dangereuse, et s’apparente à une tentation d’effacer la mémoire dérangeante de Hiroshima au nom d’une humanité fallacieuse.