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Reconquêtes locales : comment Assad a récupéré les zones rebelles

par Sara
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Reconquêtes locales : comment Assad a récupéré les zones rebelles

# Reconquêtes locales : comment Assad a récupéré les zones rebelles

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<h2>Contexte des interventions militaires</h2>
<p>Le basculement des forces en faveur du régime de Bachar al-Assad en Syrie ne s’explique pas uniquement par l’intervention militaire iranienne et russe. Un élément précurseur a été la signature des accords de trêve et de réconciliation.</p>
<p>La première mise en œuvre de ces accords a eu lieu en novembre 2013 dans les régions de Qudsaya et Al-Hama à la périphérie de Damas, par le biais de la « Commission nationale de réconciliation » locale.</p>
<p>Depuis, des accords similaires se sont multipliés dans diverses régions, avec des degrés de complexité variés selon les clauses et les acteurs impliqués, constituant une partie d’un processus lent, prolongé et systématique à un niveau local.</p>
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<h2>Comment la réconciliation a-t-elle commencé ?</h2>
<p>Un an après le début de la révolution syrienne, Assad a émis un décret le 23 juin 2012 pour former le deuxième gouvernement du pays après le début de la révolution, sous la présidence de Ryad Hijab, succédant au gouvernement d’Adel Safar formé juste après le début de la révolution.</p>
<p>Ce changement est passé inaperçu à cause de l’intensité des combats et des bombardements qui tentaient de reprendre le contrôle des zones rebelles. Cependant, il a marqué un tournant avec la nomination de Ali Haidar comme ministre d’État aux Affaires de Réconciliation Nationale.</p>
<p>À cette époque, la réconciliation se faisait déjà de façon informelle par des intermédiaires locaux que le régime rencontrait pour tenter de stopper les manifestations. Cela fait suite à une tradition syrienne d’intermédiaires locaux depuis la prise de pouvoir du Parti Baas en 1963, renforcée sous le règne de Hafez al-Assad.</p>
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<h2>Les défis des médiateurs locaux</h2>
<p>La révolution a perturbé ce système de médiation locale. Certains médiateurs ont rejoint ouvertement les camps, comme les cheikhs de Daraa qui ont soutenu la révolution dès le début. D’autres ont été écartés par le régime ou les communautés locales, perdant ainsi leur rôle d’intermédiaires. Cela a ouvert la voie à de nouveaux intermédiaires plus enclins à utiliser la violence.</p>
<p>Après la formation du gouvernement Hijab, le ministre Haidar a annoncé que l’objectif principal était de « rétablir la sécurité et la paix sociale, entrer dans le processus politique et abandonner les armes », tout en traitant des aspects liés à l’aide, aux services et au développement.</p>
<p>Avec l’augmentation de l’intervention iranienne, Téhéran a soutenu ce processus, en organisant une « conférence de réconciliation » un mois après la formation du gouvernement.</p>
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<h2>La prise en charge russe des réconciliations</h2>
<p>Le processus de réconciliation n’a pas progressé comme prévu. Trois ans après les déclarations de Haidar, en septembre 2015, il annonçait que le processus « n’avait pas échoué, mais n’avait pas atteint le stade requis », indiquant qu’il y avait eu des réconciliations dans 50 zones, certaines ayant échoué.</p>
<p>Moins d’un mois après cette déclaration, la Russie est intervenue militairement pour sauver le régime et a pris en charge le dossier des réconciliations par l’intermédiaire du « Centre de réconciliation Hmeymim » du ministère russe de la Défense. Ce centre est initialement un centre militaire surveillant le cessez-le-feu, soulignant le lien entre les aspects militaires et sociaux.</p>
<p>Avec la maîtrise du dossier par la Russie et la stabilité relative des fronts militaires, le ministère des Affaires de Réconciliation a vu son rôle diminuer au profit du Centre de réconciliation Hmeymim, devenant une simple entité symbolique fin 2018, avec Ali Haidar toujours à la tête.</p>
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<h2>Les raisons de la réconciliation</h2>
<p>Le contexte stratégique qui a guidé le processus de réconciliation reflète un changement des rapports de force au fil du temps. Les réconciliations sont devenues un outil de guerre d’usure, selon les chercheurs Omar Imady et Raymond Hinnebusch.</p>
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<li><strong>Moyens militaires</strong> : Au début, le régime a essayé de reprendre militairement les zones tenues par la rébellion, en vain, surtout dans les zones périphériques sans points militaires forts.</li>
<li><strong>Siège et bombardements</strong> : Face à l’incapacité de vaincre l’autre camp, le régime a opté pour des bombardements aléatoires, rendant la vie impossible dans ces zones, qu’elles soient de l’opposition ou autres.</li>
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<p>Avec l’échec des efforts politiques internationaux pour imposer une solution politique, des acteurs comme Staffan de Mistura ont promu les trêves locales pour réduire la violence et relancer le processus politique, ce qui n’a pas été atteint.</p>
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<h2>Nouvelle dynamique des joueurs internationaux</h2>
<p>L’émergence de nouveaux joueurs régionaux et internationaux a été un facteur décisif dans le changement de l’équilibre des forces. Par exemple, la montée de l’État Islamique et des forces kurdes a fragmenté la force militaire de l’opposition et incité davantage d’interventions extérieures.</p>
<p>Après la reprise d’Alep par le régime fin 2016, le processus politique international s’est déplacé de Genève à Astana, et de « transition politique » à « cessez-le-feu et désescalade », renforçant le contrôle du régime sur les points stratégiques reconquis par des frappes militaires.</p>
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<h2>Analyse d’une réconciliation typique</h2>
<p>Chaque accord de réconciliation en Syrie comportait trois éléments principaux : une zone hors du contrôle du régime, des intermédiaires locaux, et les termes de l’accord.</p>
<p>Il y avait aussi trois niveaux d’acteurs impliqués : les locaux (groupes rebelles et intermédiaires locaux), le national (le régime ou l’opposition dans son ensemble), et l’international (parties extérieures garantissant les accords).</p>
<p>En général, le processus de réconciliation passait par quatre étapes : la zone tombait aux mains des rebelles, était assiégée par le régime, puis aboutissait à un accord de réconciliation.</p>
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<h2>Conclusion stratégique</h2>
<p>La réconciliation représentait souvent un cessez-le-feu temporaire suivi d’un déplacement des combattants et parfois des civils. Dans les zones stratégiques comme les faubourgs de Damas ou Alep Est, le régime utilisait une force de frappe maximale pour reprendre entièrement le contrôle local.</p>
<p>Dans les zones géographiquement moins stratégiques, le régime se contentait de restaurer symboliquement le contrôle en y érigeant son drapeau.</p>
<p>Les réconciliations, loin d’être une promesse de paix, constituaient une stratégie de guerre permettant au régime de reprendre le contrôle sans respecter les termes des accords, tels que la cessation des arrestations ou la reconstruction. Elles n’ont pas contribué à la paix sociale ou à une transition politique.</p>
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