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Que signifient les messages de Hemeti dans sa tournée africaine ?

par Sara
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Que signifient les messages de Hemeti dans sa tournée africaine ?

Que signifient les messages de Hemeti dans sa tournée africaine ?

Depuis le 27 décembre, le commandant des Forces de soutien rapide soudanaises, Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemeti, a débuté une visite africaine dont la durée n'a pas été annoncée, étant reçu en tant qu'invité en Ouganda, Djibouti, Éthiopie, Kenya et Afrique du Sud.

Cette série de visites a suscité un intérêt considérable de la part des acteurs impliqués dans les dossiers soudanais, provoquant des réactions variées entre accueil favorable et condamnation, tandis que certains observateurs la considèrent comme un indicateur des positions des pays hôtes vis-à-vis des parties belligérantes dans la guerre au Soudan.

À différentes étapes de son périple, Hemeti a confirmé via son compte sur la plateforme X qu'il avait expliqué à ses hôtes les raisons de l'escalade de la guerre et la feuille de route qu'il propose pour parvenir à une solution globale assurant la paix au Soudan.

Développements sur le terrain

Cette tournée survient à la suite d'événements importants sur le terrain au Soudan ces derniers mois. Les Forces de soutien rapide ont réalisé des gains militaires significatifs à l'ouest du pays, réussissant à établir leur contrôle sur trois des quatre États de la région du Darfour.

En décembre dernier, les forces de Hemeti ont pris le contrôle de l'État pivot de Gezira au centre du pays, dans ce que les observateurs ont décrit comme "un tournant dangereux" dans le conflit qui fait rage depuis le 15 avril dernier.

Ces événements ont coïncidé avec une intensification des efforts diplomatiques pour freiner la détérioration de la situation dans le pays.

Ces efforts ont abouti à un communiqué émis par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) le 10 décembre dernier, dans lequel le président du Conseil souverain soudanais et commandant de l'armée, Abdel Fattah al-Burhan, s'est engagé à rencontrer le leader des Forces de soutien rapide Hemeti dans les 15 jours.

Toutefois, le ministère des Affaires étrangères soudanais a indiqué que Burhan avait posé des conditions à l'accord pour la réunion, avant d'annoncer plus tard qu'il avait reçu une note de son homologue à Djibouti, qui préside actuellement l'IGAD, l'informant du report de la réunion à janvier en cours.

Retour public

Des observateurs considèrent que derrière cette tournée, Hemeti vise à atteindre une série d'objectifs et à envoyer divers messages dans plusieurs directions.

Le journaliste et analyste politique soudanais Mohamed El Mubarak affirme que "l'un des premiers objectifs de Hemeti à travers cette tournée est de se mettre en avant", expliquant que le leader des Forces de soutien rapide souhaite se montrer et annoncer son retour public à la scène politique du pays après une absence de six mois, durant laquelle les raisons ont été l'objet de spéculations diverses, certains allant jusqu'à annoncer sa mort.

El Mubarak ajoute, lors d'une interview avec Al Jazeera Net, que le service de communication des Forces de soutien rapide s'est attaché à souligner ce point en couvrant médiatiquement l'événement avec des photos et des vidéos, confirmant son accueil par les dirigeants des pays qu'il a visités.

Ces derniers mois ont vu une multiplication de rumeurs cherchant à expliquer l'absence de Hemeti, y compris l'annonce de sa mort par l'ambassadeur soudanais en Libye, Ibrahim Muhammad Ahmad, et le président du parti Umma-Renouveau et Réforme, Mubarak Al-Fadil, mais les Forces de soutien rapide ont nié la mort de leur commandant, précisant que son retour public était lié à des évaluations laissées à la discrétion de la direction.

Le leader des Forces de soutien rapide paramilitaires soudanaises (RSF), le général Mohamed Hamdan Dagalo, arrive à Addis-Abeba aujourd'hui. Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen, a accueilli le général à l'aéroport international de Bole.

Hemeti (à gauche) à son arrivée à Addis-Abeba.

Mobiliser le soutien

El Mubarak considère que les mouvements de Hemeti ne peuvent pas être dissociés de sa tentative de gagner le soutien de ces pays influents dans le dossier soudanais à travers leur rôle dans l'IGAD.

L'IGAD compte 8 pays dont le Kenya, l'Éthiopie et l'Ouganda, que Hemeti a visités, et qui sont des acteurs clés de l'organisation, tandis que Djibouti, également incluse dans la tournée, abrite le siège permanent de l'organisation.

De son côté, le responsable des relations extérieures de la campagne Sudan Future, Al Amin Dharams, estime que la visite de Hemeti en Éthiopie a une importance particulière, car elle visait à rencontrer ses partenaires de la coordination des forces civiles démocratiques (Taqadum) présidée par Abdallah Hamdok.

Au cours de cette réunion, les deux parties ont conclu un accord de principes, s'engageant à poursuivre le processus de fin de la guerre, tandis que la direction des Forces de soutien s'engageait à entamer des pourparlers directs avec la direction de l'armée pour mettre fin aux hostilités.

Pour Dharams, l'importance de cet accord pour les Forces de soutien réside dans le fait qu'il s'agit d'une tentative de les sauver et d'améliorer leur image après que leurs troupes aient commis les pires crimes contre les civils, "ce que l'on peut appeler des génocides et des déplacements forcés".

Miner les efforts de Burhan

Des analystes estiment que la tournée de Hemeti s'inscrit dans le cadre de ses tentatives de saper les efforts déployés par Burhan avec la plupart des dirigeants de ces pays lors de visites antérieures, et El Mubarak dit que "peut-être a-t-il trouvé une compréhension de leur part envers la position de l'armée soudanaise et sa vision de défense de l'existence de l'État".

Dans le même contexte, le journaliste et analyste soudanais Hafez Kabir confirme que ni l'une ni l'autre des parties ne peut promouvoir sa propre version des faits, soulignant que cette guerre a deux narrations, l'une pour l'armée et l'autre pour les Forces de soutien rapide. Les pays visités par Burhan et Hemeti jouent des rôles importants dans le processus de paix au Soudan, et il est donc essentiel qu'ils entendent les différents points de vue.

Kabir pense que cette tournée pourrait contribuer à clarifier la situation pour les dirigeants de ces pays, leur permettant de s'appuyer sur des points communs qui constitueront la base d'un accord entre les deux parties.

Le président de l'Afrique du Sud (à droite) accueille Hemeti (Reuters)

Accueil chaleureux

Certains comportements au cours de la tournée de Hemeti ont attiré l'attention des observateurs pour leur signification concernant les attitudes des pays hôtes envers les acteurs de la guerre au Soudan.

Dans ce cadre, l'accueil remarquablement chaleureux a été mis en avant, tandis que les images diffusées par les médias reflétaient l'atmosphère amicale entourant ces visites.

Hafez Kabir souligne que l'accueil réservé au leader des Forces de soutien rapide en Ouganda, en Éthiopie, au Kenya et en Afrique du Sud, "connu comme étant officiel", signale des réactions positives de ces pays à la visite.

Cependant, Dharams croit que les motivations de cette chaleur sont dues au fait que cette tournée a été facilitée et coordonnée par des alliés des Forces de soutien rapide, à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de l'Afrique.

Signes d'une crise diplomatique

Pointant vers d'éventuelles crises diplomatiques à l'horizon à cause de la tournée, le ministère des Affaires étrangères soudanais a rappelé son ambassadeur au Kenya "pour consultation en protestation contre l'accueil officiel organisé par le gouvernement kényan pour le dirigeant de la milice rebelle, et que la consultation couvrirait toutes les possibilités pour l'avenir des relations entre les deux pays", selon l'agence de presse soudanaise.

Dans son discours pour le 68ème anniversaire de l'indépendance du Soudan, Burhan a appelé les pays qui reçoivent Hemeti à cesser "de s'immiscer dans notre affaire, car toute facilité accordée à la direction du groupe rebelle est considérée comme une complicité dans le crime et une complicité dans le meurtre du peuple soudanais et sa destruction".

Les analystes attribuent ces accueils à la volonté des pays hôtes de maintenir un équilibre dans leur relation entre les parties du conflit, ce qui facilite leur rôle de médiation, en plus du fait que les victoires des Forces de soutien rapide ces derniers mois les ont imposées comme un acteur principal dans la carte politique soudanaise.

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