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Que révèle la demande de Turquie pour un sommet des ministres européens
Le [Union Européenne](https://aja.me/xe0ksd) a invité la Turquie à participer à une réunion informelle des ministres des affaires étrangères de ses États membres, prévue le 29 août à Bruxelles. Cet événement vise à offrir un cadre décontracté pour l’échange de perspectives sur des questions internationales et le développement de points de vue et de stratégies communes.
La Turquie a accueilli cette invitation avec satisfaction, étant la première depuis cinq ans, après une période de tensions entre Ankara et l’Union européenne. Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Oncu Kacali, a déclaré que la Turquie considère cette invitation comme une étape positive vers le renforcement du dialogue.
Kacali a précisé que cette invitation « réflecte la prise de conscience de l’Union européenne concernant l’importance de développer ses relations avec la Turquie » face aux défis régionaux et internationaux actuels. Il a également insisté sur le fait que cette initiative positive ne devrait pas se limiter aux réunions informelles uniquement.
Il est impératif, a ajouté Kacali, de commencer sans délai les négociations pour moderniser l’union douanière, relancer le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, supprimer les restrictions sur les visas pour les citoyens turcs, et revitaliser les mécanismes de dialogue établis.
Une relation stagnante
Depuis de nombreuses années, la Turquie aspire à rejoindre l’Union européenne sans réaliser de progrès significatif. Les Européens justifient leur position par le non-respect par [Ankara](https://aja.me/6atj2) des critères de Copenhague, qui exigent des États candidats qu’ils adoptent une politique économique de marché libre et assurent des institutions robustes favorisant la démocratie et l’état de droit, ainsi que la protection des droits humains et des minorités.
Bien que les dirigeants de l’Union européenne aient accepté en 1999, lors de leur sommet à Helsinki, la candidature de la Turquie, les négociations d’adhésion ont été entravées, malgré les efforts considérables déployés par la Turquie pour répondre à ces critères depuis 2002. Au contraire, l’Union européenne a facilité l’adhésion de plusieurs pays d’Europe de l’Est avec des indicateurs économiques similaires, voire inférieurs.
Dans son rapport annuel publié en octobre 2023, la Commission européenne a déclaré que les [négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne](https://aja.me/x7by72) étaient à une impasse en raison d’un manque sérieux de réformes nécessaires.
Réveil des relations : un plan de trois étapes
Récemment, l’agence « Bloomberg » a révélé un nouveau plan en trois étapes que l’Union européenne et ses États membres s’efforcent de développer pour renforcer leurs relations avec la Turquie, dans le cadre d’une initiative visant à renforcer les alliances européennes face à la [guerre russe contre l’Ukraine](https://aja.me/wmsy8v). Ce plan comprend :
- Une augmentation du nombre de réunions de haut niveau entre les deux parties.
- La réactivation des opérations de la Banque européenne d’investissement en Turquie.
- Le lancement de nouvelles discussions pour moderniser l’union douanière.
Le ministère turc des Affaires étrangères a confirmé que le ministre Hakan Fidan soulignera lors de la réunion l’importance de se concentrer sur les défis régionaux et mondiaux actuels.
Un pas positif, mais insuffisant
Dans des déclarations exclusives à Al Jazeera, le ministère turc des Affaires étrangères a indiqué que l’invitation de l’Union européenne constitue un pas dans la bonne direction, en réponse aux appels continus de la Turquie pour revitaliser ses relations avec l’Union européenne. Le ministère a réaffirmé que l’adhésion complète reste un objectif stratégique pour la Turquie, soulignant qu’il est dans l’intérêt des deux parties que l’Union européenne adopte une vision similaire envers la Turquie.
Le ministère a exprimé des regrets quant à la réduction des relations turco-européennes ces dernières années à des questions spécifiques, en raison des considérations politiques restreintes de certains États membres. Selon lui, les défis régionaux et mondiaux rendent impératif de ne pas laisser des considérations politiques entraver ces relations, ou de les maintenir bloquées par des obstacles artificiels.
Le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan soulignera ces points lors du dîner qui se tiendra dans le cadre de la réunion informelle des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, en insistant sur la nécessité pour l’Union de montrer une véritable volonté de faire progresser les relations avec la Turquie de manière durable et prévisible.
Des attentes modérées
Dans des déclarations à Al Jazeera, le chercheur au Centre de recherche SETA, Baki Lalioglu, a précisé que l’invitation de l’Union européenne à la Turquie est le résultat de l’influence de la présidence [hongroise](https://aja.me/g0o9b1) du Conseil de l’Union. Il a noté que les relations stratégiques solides entre Ankara et Budapest ont joué un rôle clé dans ce contexte, ouvrant la voie à la reconstruction d’un dialogue positif entre la Turquie et l’Union européenne. Cependant, il a averti que les problèmes affectant les relations entre les deux parties sont complexes et ne peuvent pas être résolus par une simple réunion.
Lalioglu a également noté que la Turquie joue un rôle vital dans des questions régionales sensibles telles que [la Palestine](https://aja.me/3387mw), [l’Ukraine](https://aja.me/b83le) et l’est de la Méditerranée, conservant une position forte tant en tant qu’ennemi que partenaire sur divers plans, incluant la défense, l’économie et la migration.
Le dilemme chypriote
Le chercheur Lalioglu a souligné que la question de l’est de la Méditerranée et de [Chypre](https://aja.me/7vv2h) représente le principal obstacle entre la Turquie et l’Union européenne. Bien que sa résolution à court terme semble impossible, il a noté qu’Ankara tente d’améliorer ses relations avec ses voisins, notamment avec [la Grèce](https://aja.me/vqrpq), ce qui a contribué à créer une atmosphère positive dans les relations bilatérales ainsi que dans les relations avec l’Union européenne.
Un responsable du ministère turc de la Défense a récemment déclaré que la Turquie surveille de près les développements en mer du Sud de Chypre et les activités de l’administration chypriote grecque, tout en prenant les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de la « République turque de Chypre du Nord ». À l’heure actuelle, il n’existe aucune menace ou problème compromettant la sécurité de la région.