Dans un climat marqué par une faible participation politique et un boycott de l'opposition, Madagascar a récemment été le théâtre d'une élection présidentielle largement déterminante pour l'avenir du pays. Andry Rajoelina, l'actuel président et personnage emblématique de la scène politique malgache, a semble-t-il obtenu un troisième mandat après que les résultats préliminaires publiés par la CENI aient révélé sa victoire avec une majorité significative des suffrages.
Victoire de Rajoelina et Taux de Participation
Selon les chiffres provisoires annoncés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Andry Rajoelina aurait recueilli 58,9 % des voix. Il est suivi de Siteny Randrianasoloniaiko, un député ayant récolté 14,4 % des voix. Ces résultats, marqués par un taux de participation d'environ 46,4 % selon la CENI, sont cependant sujet à validation de la Haute Cour Constitutionnelle, qui a pour mission d'annoncer les résultats définitifs dans un délai neuf jours après la déclaration des résultats provisoires.
Le président Rajoelina, âgé de 49 ans, entrepreneur et ex-DJ, a salué la décision du peuple Malgache, affirmant que ce choix incarnait une préférence pour la continuité, la sérénité et la stabilité. Il a remercié les citoyens refusant de s'engager sur "le chemin de l'agitation".
Déclarations d'Opposition et Allégations de Fraude
Cependant, le contexte des élections a été assombri par les allégations de fraude et les diverses affirmations de l'opposition. Randrianasoloniaiko a exprimé son mécontentement à l'agence AFP, lui qui aurait déposé deux requêtes pour l'annulation du scrutin et la disqualification de Rajoelina, ces démarches faisant écho aux accusations de fraude électorale. Les irrégularités énoncées incluraient l'intimidation des fonctionnaires des bureaux de vote et l'utilisation de ressources publiques par le parti au pouvoir, bien que ce dernier démente ces allégations.
Boycott de l'opposition et Conditions Électorales
La majorité de l'opposition, rassemblée sous la bannière du Collectif des 10, avait opté pour boycotter les élections, décrivant ces conditions électorales comme injustes. Le collectif, organisant presque quotidiennement des manifestations dans la capitale Antananarivo qui ont souvent été dispersées par des gaz lacrymogènes, allègue que Rajoelina ne devrait pas pouvoir se présenter ayant acquis la nationalité française en 2014, laquelle révoquerait selon eux automatiquement sa nationalité malgache.
Le bilan de la situation est complexe. D'une part, le président réélu considère la victoire comme un mandat renouvelé par le peuple pour la continuité et la stabilité. D'autre part, l'opposition et ses partisans estiment que le processus électoral a été vicié et leur appel au boycott a effectivement été suivi, se reflétant dans les chiffres officiels de la participation. En dépit des tensions et des contestations, Madagascar attend la proclamation des résultats définitifs, laquelle pourrait déterminer la trajectoire politique à venir du pays.