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Pourquoi Washington échoue à amener le Soudan à Genève
**Khartoum** – Le gouvernement et la direction militaire du Soudan ont ignoré les pressions américaines pour les inciter à participer aux négociations de Genève qui ont commencé il y a une semaine avec les forces de soutien rapide. Les observateurs estiment que leur absence de réponse découle de la conviction du gouvernement qu’il est dans une meilleure position politique et militaire.
Contexte des négociations
Fin juillet dernier, l’administration américaine a appelé les deux parties du conflit au Soudan à participer à une nouvelle série de négociations à Genève, dans le but de mettre fin à la guerre qui dure depuis le 15 avril 2023.
Les pourparlers de Genève entre les partenaires régionaux et internationaux ont été lancés mercredi dernier, visant à « parvenir à un accord pour mettre fin à la violence au Soudan et permettre l’accès de l’aide humanitaire à tous les nécessiteux ».
Conditions de participation
Le gouvernement soudanais a persisté à refuser de participer aux négociations tant que l’“Accord de Jeddah” signé entre l’armée et les forces de soutien rapide en mai 2023 n’a pas été mis en œuvre. En revanche, le chef des forces de soutien rapide, Mohamed Hamdan Daglo, a accepté l’invitation et a envoyé sa délégation en Suisse.
Interaction avec les États-Unis
Lors du lancement des pourparlers, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a contacté par téléphone le président du conseil de souveraineté et commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, pour l’inciter à rejoindre les négociations. Cependant, le gouvernement a posé des conditions pour sa participation, notamment la mise en œuvre de l’“Accord de Jeddah” et le non-élargissement des médiateurs et observateurs dans les discussions.
Discussion des visions gouvernementales
Après des discussions entre le gouvernement et les médiateurs, un ministre a été envoyé à Jeddah, où des consultations ont eu lieu avec la partie américaine, mais les deux parties n’ont pas réussi à s’accorder sur les conditions du gouvernement pour sa participation aux négociations de Genève.
Al-Burhan a ensuite sollicité de nouvelles consultations avec les médiations américaines et saoudiennes pour discuter de la vision du gouvernement concernant la mise en œuvre de l’“Accord de Jeddah”.
Pressions internes et externes
Dans ce contexte, le vice-président du conseil de souveraineté, Malik Agar, a déclaré que la guerre contre les « milices de soutien rapide » approchait de sa fin, ajoutant que les opérations seraient menées pour rouvrir toutes les routes sous occupation dans un mois.
Il a également précisé que le gouvernement engageait un dialogue franc avec les États-Unis sur les négociations de Genève, tout en rejetant leurs demandes et conditions. Un envoyé sera envoyé au Caire pour discuter des étapes suivantes.
Un gouvernement en quête de soutien
Les analystes estiment que la position du gouvernement est motivée par une volonté de ne pas reculer sur l’accord de l’“Accord de Jeddah” avant d’aborder les arrangements militaires et sécuritaires avec les forces de soutien rapide, en dépit des pressions subies. Tout accord atteint avant le retrait des forces de soutien rapide des habitations civiles serait mal perçu par la population, affaiblissant ainsi le soutien populaire du gouvernement.
De plus, certains observateurs signalent que le gouvernement et l’armée ont récemment obtenu un soutien accru de puissances régionales et orientales, ce qui leur confère un meilleur positionnement sur le plan diplomatique et militaire, leur permettant d’éviter des sanctions internationales.
Contexte politique américain
Par ailleurs, il n’existe pas de motivation suffisante pour le gouvernement soudanais à faire des concessions ou à accorder à l’administration démocratique de la Maison Blanche un succès politique sans contrepartie à l’approche des élections américaines.