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Pourquoi les Mauritaniens évitent de parler de l’ère du gaz

par Sara
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Pourquoi les Mauritaniens évitent de parler de l'ère du gaz

# Pourquoi les Mauritaniens évitent de parler de l’ère du gaz

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<h2>Nouakchott-</h2>
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Après des années d’attente, la Mauritanie entre dans une nouvelle ère dans quelques mois, avec l’exportation de sa première cargaison de gaz naturel liquéfié provenant du champ « Grand Tortue Ahmeyim » partagé avec le Sénégal. Cette étape marque la première fois que la Mauritanie et son voisin du sud goûteront aux revenus du gaz.
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Alors que ces moments sont célébrés avec enthousiasme par les peuples et les gouvernements à travers le monde pour leur importance économique et sociale, en Mauritanie, ils passent étonnamment sous silence malgré le besoin criant de ce projet gazier inaugural.
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Alors que les Sénégalais organisent des ateliers et des événements pour célébrer l' »ère du gaz » et les projets qui découleront de ses revenus, les autorités mauritaniennes restent discrètes sur le sujet, malgré le partenariat égalitaire dans les revenus des deux pays.
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<h2>Déception</h2>
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À l’approche des élections présidentielles mauritaniennes prévues pour le 29 juin, on s’attendait à ce que cette ère du gaz soit mise en avant et figure dans les programmes des candidats. Cependant, cette thématique semble être écartée des préoccupations de l’élite politique. Le mot « gaz » ne figure pas dans les discours de candidature des sept candidats, y compris celui du président en exercice, Mohamed Ould Ghazouani, qui brigue un second mandat.
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Cette situation étrange suscite des interrogations sur les raisons pour lesquelles les Mauritaniens ne parlent pas de cette richesse malgré l’imminence des élections présidentielles.
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Selon le journaliste spécialiste des affaires africaines, Mahfoudh Ould Al-Saleck, les coûts élevés de production et de développement du champ « Tortue/Ahmeyim » et les retards de plus de deux ans dans le démarrage de la production ont généré une déception en Mauritanie vis-à-vis de ce champ pétrolier partagé avec le Sénégal.
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Il y a six ans, les deux pays avaient signé la décision finale d’investir dans ce champ situé à leur frontière maritime commune, qui contient environ 25 trillions de pieds cubes de gaz. Les entreprises Kosmos et BP, qui ont signé le contrat d’exploitation, avaient initialement prévu de commencer la production fin 2021.
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Le retard de plus de deux ans dans la réalisation de ce projet a fait grimper les coûts de 3,8 à 10 milliards de dollars, influençant ainsi les revenus annuels des deux nations. Finalement, la Mauritanie et le Sénégal ne récolteront que 60 millions de dollars annuellement chacun, au lieu des 100 millions de dollars espérés au début.
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Selon Ould Al-Saleck, ces déclarations réalistes et modestes montrent que la Mauritanie essaie de gérer les attentes autour de ce dossier. Le Sénégal pourrait bien comprendre ces enjeux plus tard.
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<h2>Manipulation et inquiètudes</h2>
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Lors de son interview avec Al Jazeera, Ould Al-Saleck a attribué l’intérêt du Sénégal pour le gaz aux antécédents académiques du président actuel, Macky Sall, détenteur d’un diplôme en physique géologique et d’un DEA en géologie, ainsi qu’à la publication d’un livre sur le gaz et le pétrole par l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko il y a sept ans.
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Des rapports locaux indiquent que BP aurait manipulé le groupe de négociateurs mauritanien, prétendument en raison de son manque d’expérience, pour obtenir des conditions désavantageuses pour la Mauritanie. La forte montée des coûts, réduisant les revenus, aurait également provoqué des incertitudes officielles et un silence apparent sur le projet.
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Les rapports signalent également que BP pourrait se contenter de la première phase du projet, sans passer aux étapes ultérieures, ce qui inquiète les parties prenante s mauritaniennes et sénégalaises quant à un éventuel échec du projet.
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C’est peut-être cette peur partagée qui fait dire au journaliste mauritanien Sid Mohamed Belamach que Nouakchott n’est pas moins enthousiaste que Dakar au sujet du gaz. Il remarque plutôt une désillusion au sein des deux populations en raison de la baisse des revenus attendus.
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Belamach ajoute que la question du gaz ne sera pas comme d’autres ressources africaines, souvent découvertes mais offrant des recettes modestes. Les Mauritaniens sont convaincus que le gaz ne sera pas plus bénéfique que les ressources en fer et en poisson.
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<h2>Dimensions et facteurs</h2>
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L’analyste économique, Sidi Khair Amrou, identifie deux aspects derrière le silence médiatique et gouvernemental sur l’ère du gaz et le champ de gaz partagé :
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<li>**Dimension politique:** L’expérience de la Mauritanie avec une société australienne dans le domaine pétrolier, qui a anéanti les espoirs des Mauritaniens, a rendu les autorités prudentes et sceptiques face à de nouveaux investissements sans garanties sûres de résultats concrets.
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<li>**Dimension de développement:** La Mauritanie n’a pas encore créé un environnement propice à l’extraction de gaz, ni construit d’infrastructures nécessaires pour exploiter cette ressource.
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Sidi Khair souligne la grande distance technologique entre les capacités des entreprises étrangères et les compétences nationales, ce qui limite grandement les bénéfices en matière d’emploi pour la population locale. Il pense que les responsables comptent sur les revenus du gaz pour financer divers secteurs tels que l’éducation, la santé et les infrastructures.
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Le manque d’intérêt de la part des Mauritaniens pour la richesse gazière s’explique par plusieurs facteurs :
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<li>L’absence de conscience chez de nombreux citoyens de la valeur économique et stratégique des réserves de gaz.
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<li>L’absence de formations et d’ateliers de sensibilisation organisés par l’État pour informer sur les bénéfices du gaz.
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<li>Le défaut de communication des entreprises sur leurs objectifs et l’impact potentiel sur le développement du pays et la vie des citoyens.
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Le champ « Ahmeyim », partagé avec le Sénégal, est le premier projet gazier exploité en Mauritanie, qui possède seule des réserves énormes de 100 trillions de pieds cubes. La phase initiale d’exploitation de ce champ permettra d’exporter environ 2,5 millions de tonnes de gaz par an, dont 70 millions de pieds cubes sont destinés à la consommation locale des deux pays.
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