Palestiniennes à Rafah subvertissent le blocus israélien pour fabriquer des couches
Des femmes palestiniennes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ont trouvé une solution ingénieuse pour fabriquer localement des couches pour bébés afin de faire face à la pénurie sévère et à la hausse des prix des quantités limitées disponibles sur le marché.
Selon Maissa Al-Qatawi, directrice d’un petit atelier de couture à Rafah, elles ont eu l’idée de fabriquer ces couches réutilisables en recyclant des vêtements de protection médicale utilisés lors de la pandémie de Covid-19, en y ajoutant du tissu et du coton médical. Ce projet vise à aider les mères alors que les couches prêtes à l’emploi se font rares sur les marchés et que la majeure partie de la population ne peut pas se permettre d’acheter les rares disponibles à des prix exorbitants.
La commission pour les urgences sanitaires de Rafah déplore qu’une grande quantité de fournitures médicales, telles que des vêtements de protection et des vaccins anti-Covid-19, ne bénéficie pas d’une priorité lors de leur passage par le poste frontière de Rafah dans le cadre des convois humanitaires, ce qui complique la situation.
L’atelier de couture utilise des parties des combinaisons de protection précédemment portées par les professionnels de la santé pour traiter les patients atteints de Covid-19. Maissa et ses collègues réutilisent ces combinaisons en tant que matériau alternatif pour la fabrication des couches pour bébés.
Depuis le début du conflit le 7 octobre dernier, Entité sioniste impose des restrictions sévères sur les aides humanitaires autorisées à entrer dans la bande de Gaza, entraînant une pénurie de biens et une forte augmentation des prix.
Les couches fabriquées par Maissa et son équipe dans l’atelier local sont vendues à un prix modique de 2 shekels (0,55 dollar) seulement par pièce aux consommateurs, alors que les couches prêtes à l’emploi se vendent à plus de 5 shekels, en fonction de la qualité et de la taille.
L’engouement pour ces couches locales, reconnues pour leur qualité et leur prix abordable, est important. Cependant, la production ne suffit pas à combler l’ensemble des besoins du marché local en raison de la capacité limitée de l’atelier, du manque de matières premières, des coupures d’électricité obligeant à utiliser un petit générateur pour faire fonctionner les machines à coudre.
L’atelier emploie 15 personnes, principalement des femmes déplacées de Gaza et du nord de la bande, contraintes par des conditions de vie difficiles à travailler pour subvenir aux besoins de leur famille.
Parmi elles, Mouna Al-Sayed, une déplacée du nord de la bande, a trouvé dans cet emploi une opportunité de gagner un peu d’argent pour répondre à certains besoins essentiels de sa famille. Elle souligne que la vie est difficile et nécessite de travailler dans des conditions dures engendrées par la guerre.
À côté d’elle travaille son collègue, Noor Yassin, une veuve atteinte du cancer, qui subvient aux besoins de sa famille et a été contrainte de se déplacer de Gaza à Khan Younès avant de devoir une nouvelle fois fuir vers Rafah en raison de l’avancée militaire israélienne.
Noor se dit heureuse de travailler dans cet atelier pour la fabrication de couches pour bébés, soulignant l’importance de proposer ces produits à des prix abordables sur le marché, face à l’inaccessibilité des couches prêtes à l’emploi, dont les prix ont considérablement augmenté.