Nouvelle enquête sur les abus du syndicat étudiant syrien
Une enquête menée par une équipe affiliée au Conseil syrien britannique a révélé de nouvelles preuves accablantes sur les crimes de guerre commis par les membres de l’Union nationale des étudiants syriens contre leurs camarades de l’Université de Damas entre 2011 et 2013, lors de la révolution syrienne.
L’enquête, qui s’est étendue sur deux ans et dont les résultats ont été publiés ce mercredi, indique que l’Union nationale des étudiants de Syrie agit comme un bras des services de sécurité syriens au sein du campus universitaire. Ses membres effectuent des patrouilles de sécurité dans les salles de cours, les résidences universitaires, arrêtent et torturent les étudiants à l’intérieur de l’université, pour ensuite les remettre aux branches de sécurité.
Le Conseil syrien britannique est un organisme de soutien à la Syrie basé au Royaume-Uni, travaillant à établir un canal de communication pour les Syriens résidant dans la diaspora afin de faire entendre leurs voix aux gouvernements et aux décideurs internationaux, ainsi qu’à poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Résultats de l’enquête
La responsable de l’équipe d’enquête au sein du Conseil syrien britannique, Yasmin Al-Nahlawi, a déclaré que l’équipe avait mené 20 entretiens avec des témoins, anciens étudiants, professeurs ou membres de l’Union des étudiants qui avaient ensuite fait défection. Elle a précisé qu’ils avaient découvert « un système délibéré d’arrestations et de tortures à l’intérieur du campus universitaire, ainsi que la répression de manifestations pacifiques par des méthodes extrêmement cruelles ».
Al-Nahlawi a ajouté lors d’une interview avec Al Jazeera Net que « ces violations étaient coordonnées avec les branches de sécurité, et nous avons plusieurs indicateurs le prouvant »:
- Tout d’abord, la répression des manifestations était coordonnée entre l’Union des étudiants et les branches de sécurité, les témoins interrogés ont mentionné que les entités réprimant les manifestations étaient des étudiants et des entités de sécurité collaborant.
- Deuxièmement, les étudiants de l’Union ont arrêté leurs camarades et les ont torturés à l’intérieur du campus universitaire, puis les ont directement remis aux branches de sécurité.
- Troisièmement, les interrogatoires étaient similaires entre l’Union des étudiants à l’intérieur du campus universitaire et aux branches de sécurité en ce qui concerne les questions, les preuves ou les informations demandées.
Transfert d’étudiants de l’Union nationale des étudiants syriens aux branches de sécurité directement – Conseil syrien britannique.
Yasmin Al-Nahlawi a souligné que « l’équipe d’enquête collabore avec l’entité internationale neutre et indépendante pour la Syrie, une agence onusienne qui recueille des preuves sur les violations commises en Syrie », en plus d’autres organismes internationaux et des pays poursuivant en justice les Syriens ayant commis ces violations.
Elle a ajouté que parallèlement à la conclusion de cette enquête, ils ont également lancé une campagne de sensibilisation en collaboration avec les organisations « Syria Campaign » et « Action for Sama ». Cette campagne vise le Comité olympique car un ancien membre de l’Union des étudiants représente désormais l’équipe syrienne et occupe les postes de vice-président de l’Union sportive générale de Syrie et de président du Comité paralympique syrien.
Torture délibérée
De son côté, Abderrahmane Mohammad (l’un des témoins ayant participé à l’enquête) a déclaré que quatre étudiants appartenant à l’Union l’avaient arrêté depuis son lieu de travail dans la bibliothèque de la Faculté des Lettres, l’avaient interrogé dans le bureau du syndicat, avant de le transférer dans un sous-sol de la résidence universitaire, où ils l’ont battu et torturé pendant plus de 5 heures d’affilée.
Mohammad a ajouté lors d’une interview avec Al Jazeera Net que « cette torture était perpétrée par des étudiants de l’Union, que je connaissais auparavant, et était supervisée par une personne en uniforme militaire. D’autres étudiants ayant également subi ces violations étaient présents. Nous avons ensuite tous été remis à la sécurité intérieure. »
Abderrahmane Mohammad a continué à décrire ce qui lui est arrivé au siège de la sécurité intérieure, où il a passé 29 jours dans une toute petite pièce avec environ 40 personnes, jusqu’à ce qu’il soit présenté au juge le 30ème jour, avant d’être libéré.
Il convient de rappeler qu’en mars 2011, des manifestations pacifiques ont éclaté en Syrie demandant la liberté, la fin de la répression et de la corruption. Ces protestations se sont rapidement étendues à la majorité du pays, mais le régime syrien y a répondu par la répression et les armes. Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie, des millions ont été déplacés en raison de la violence, transformant la Syrie en crise internationale et en champ de bataille entre les puissances régionales et internationales.