Nabil Ayouch à la 17e édition du Festival du film francophone
Interdit au Maroc, « Much loved », le long-métrage de Nabil Ayouch abordant la prostitution, a remporté le Valois d’or en 2015. C’était sa première participation au Festival du film francophone d’Angoulême (FFA). À cette époque, le réalisateur se trouvait dans une période difficile, décrivant ce moment comme « un tunnel horrible ». Nabil Ayouch a déclaré : « Angoulême m’a ressuscité », marquant le début d’une véritable « histoire d’amour » avec ce festival.
À la rencontre du public
À la veille de la projection de son nouveau film « Everybody loves Tuda », Nabil Ayouch a rencontré cinq lecteurs de CL, dont quatre étaient franco-marocains. Bouchra Rafik a partagé ses impressions : « J’avais quelques a priori, je le pensais dans la provocation. Il est, en fait, dans le débat et dans l’échange. » Malika Mesri a également témoigné : « J’aime bien son côté ‘je suis un artiste, je ne suis pas là pour plaire’. »
Son nouveau film « Everybody loves Tuda »
« Everybody loves Tuda » vise à réhabiliter les cheikhates, en leur redonnant une place importante à travers l’histoire de Tuda. À l’origine, les cheikhates étaient des poétesses célébrant l’amour et la transgression, considérées comme des héroïnes pendant plus d’un siècle. Cependant, leur image a changé avec le temps. En chantant dans les cabarets des grandes villes, elles ont été perçues comme des prostituées, et le terme « cheikha » a pris une connotation péjorative.
Le travail engagé de Nabil Ayouch
Nabil Ayouch décrit son cinéma comme étant politique, social et engagé, en partie grâce à sa formation à la MJC de Sarcelles. Il a été profondément choqué par la manière dont les personnes marginalisées étaient traitées au Maroc. Son attirance pour ces personnages se reflète dans ses films, car il souhaite provoquer des débats et montrer la réalité sans fard : « Mon cinéma est un cinéma du réel. Et c’est ma liberté de l’exprimer à ma manière. »
Réflexions sur « Much loved »
Le film « Much loved » a représenté un des moments les plus difficiles dans la carrière de Nabil Ayouch. Il évoque la douleur de vivre sous protection durant six mois suite à son interdiction par le gouvernement marocain, qu’il considère comme illégale. « L’affaire ‘Much loved’ a secoué les choses. Désormais, des discussions sur la prostitution au Maroc émergent, et je devine que la jeune génération souhaite explorer ces sujets. »
Un regard sur le Maroc
Nabil Ayouch exprime son amour pour le Maroc, un pays riche culturellement, mais souligne la nécessité de mettre fin à l’hypocrisie ambiante. Il témoigne : « Je vois des choses extrêmement choquantes dans les rues, les boîtes de nuit, parfois même dans les palaces… Ce qui s’y passe va bien au-delà de ce que je décris dans mes films. »
Ce vendredi, Nabil Ayouch participera à un débat au palais de justice d’Angoulême, abordant l’émancipation des femmes au Maroc. Par ailleurs, son film « Everybody loves Tuda » sera projeté ce jeudi à 20h au CGR.