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Musique et chant hassani : une fusion africaine, arabe et amazighe
Dans la vie sociale des habitants sahariens, trois éléments essentiels sont indissociables : le premier, appelé « jimar », renvoie au feu, faisant référence à l’importance du thé dans leurs rencontres. Le second, « jra », évoque le temps prolongé consacré à la préparation du thé selon des rituels sahariens particuliers. Enfin, le troisième, « jam’a », désigne la communauté, sans laquelle aucune réunion n’est complète, et qui ne peut se passer du chant hassani, accompagné de la musique d’instruments spécifiques. Cela illustre bien que la vie au Sahara n’a pas de saveur sans ces éléments essentiels, selon le chercheur saharien Abdel Wahab Seboui, qui est aussi directeur du Centre de recherches et d’études à Laâyoune.
Une fierté culturelle
Ahmed Saleh Allouat, un jeune artiste saharien imprégné de musique hassani depuis son enfance, souligne l’importance de la poésie et de la musique hassani dans le sud du pays. Pour lui, la poésie et la musique sont inextricablement liées, résultat naturel de la relation de l’homme avec cet espace désertique enchanteur. Cette harmonie constitue un mode de vie et reflète la sensibilité poétique de l’habitant du Sahara.
Ouverture aux rythmes du monde
Le président du groupe « Saqiyah Al-Hamra Vision », Ahmed Saleh Allouat, déclare qu’il s’efforce de fusionner les paroles et la musique hassani avec des inspirations mondiales telles que le reggae, le blues et le jazz, rendant cette culture accessible à ceux qui l’ignorent. Depuis la création du groupe en 2017, il a pour objectif de porter sa musique et ses chants au-delà des frontières sahariennes, qui, pendant longtemps, ont été confinées à la communauté saharienne et aux populations « beidhane ».
Évolution musicale
Le groupe a sorti son premier album en 2019 intitulé « Saqiyah Al-Hamra », qui marie la musique hassani traditionnelle avec la musique marocaine contemporaine. Ce projet a été soutenu par les autorités locales, suite à l’encouragement du roi Mohammed VI de valoriser l’héritage artistique et culturel hassani. En 2022, un second album nommé « La Tierra » a vu le jour, continuant cette fusion entre les rythmes hassani et la musique internationale.
Racines et traditions des hassani
Les Hassani sont issus de la tribu arabe « Maalqil », qui a migré de la péninsule arabique vers l’Égypte et l’Afrique lors de la conquête islamique. Ils ont leurs traditions alimentaires, vestimentaires et leurs célébrations religieuses et sociales. Ce peuple nomade vit en symbiose avec la nature, accueillant les invités au sein de leurs tentes, indépendamment de leurs origines. Leur langue est le hassani, et leur mode de vie est intimement lié à leurs traditions pastorales, notamment à travers l’élevage de chameaux.
Le rôle crucial de la poésie hassani
La poésie hassani sert de miroir à la société, véhiculant les nouvelles et les événements marquants.Elle représente le moyen culturel le plus répandu pour éclairer la société et former l’opinion publique. Selon le poète et grand laudateur de Muhammad, Mohamed Ba’iya, la poésie hassani est étroitement liée à la musique, prenant la forme d’un art oral, et témoignant des expériences et des mémoires de la communauté saharienne.
Éléments de la musique hassani
La musique hassani traditionnelle, également connue sous le nom de musique « beidhane », est extrêmement populaire dans les régions désertiques au sud du Maroc. Les membres de la communauté se consacrent pleinement à cette forme d’art, la considérant comme essentielle pour les célébrations, les fêtes et les rituels. Ses rythmes, très structurés, font appel à de nombreux instruments traditionnels tels que le « tazoua », une grande percussion, et l' »nifaara », une flûte que les bergers utilisent pour exprimer leur solennité.
Contribution à la culture hassani
Globalement, la culture hassani est une culture saharienne enracinée dans le nomadisme, intégrant des éléments authentiques et profonds. Ce mélange de traditions s’étend du Sahara marocain à la région de Mali, et se reflète dans les festivités, les pratiques, et la langue. Les voix qui incarnent cette culture à travers la poésie et le chant sont critiques pour préserver et transmettre les riches narrations du Sahara.
Festivals et reconnaissances
Récemment, le ministère marocain de la Culture a intensifié ses efforts pour promouvoir le patrimoine culturel hassani à travers des festivals, des enquêtes et des collectes de poésie. Une attention particulière a été portée afin d’assurer la documentation et la reconnaissance de cette culture unique. Le festival national de la chanson hassani, par exemple, célèbre et définit les grands contributeurs de la musique hassani, renforçant ainsi son identité au sein de la mosaïque culturelle marocaine.