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C’est un nouvel avertissement pour la France, même si les conséquences semblent limitées. L’agence de notation américaine Moody’s a décidé de maintenir la note de la France à Aa2, mais cette fois avec une *«perspective négative»*, au lieu de *«stable»* comme auparavant. Cela signifie que Moody’s envisage une possible baisse de la notation de la dette française. Ce pronostic intervient alors que l’un des gouvernements les plus fragiles de l’histoire de France cherche à mobiliser 60 milliards d’euros pour réduire le déficit et maîtriser une dette qui dépasse les 3 200 milliards d’euros. Une telle appréciation négative de Moody’s pourrait entraîner une augmentation des taux d’intérêt sur les nouvelles obligations émises par la France sur les marchés internationaux.
Réactions au sein du gouvernement
L’annonce de la note de Moody’s a coïncidé avec l’examen du budget à l’Assemblée nationale. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a utilisé cette occasion pour défendre sa politique : *«La note de la France est sous perspective négative car nous avons besoin de réformes structurelles. Nous ne résoudrons pas les problèmes de finances publiques si nous ne résolvons pas les équilibres de la production sociale dans notre pays, à commencer par la réforme des retraites»,* a-t-il déclaré. En réponse, le député LFI Éric Coquerel a souligné : *«Le déficit des retraites, c’est 3 %. Le déficit que vous avez créé est dû aux cadeaux fiscaux faits aux plus riches.»*
Un déficit à 5 % jugé « peu probable »
Pour Moody’s, cette perspective négative est liée à l’évaluation qu’il est *«peu probable»* que le gouvernement parvienne à ramener le déficit à 5 % du PIB, compte tenu des efforts budgétaires conséquents nécessaires. L’agence observe que *«la détérioration budgétaire que nous avons déjà constatée dépasse nos attentes et contraste avec celle des gouvernements de pays avec une note similaire, qui tendent à consolider leurs finances publiques dans le contexte actuel.»* De plus, Moody’s souligne un *«environnement politique et institutionnel pas propice»* à une coalition autour de mesures budgétaires durables.
La situation actuelle de la dette française
Bien que la dette française continue d’attirer les investisseurs, ses taux d’intérêt ont augmenté et atteignent désormais ceux de pays comme le Portugal ou l’Espagne, considérés comme plus risqués. Le ministre de l’Économie et des Finances, Antoine Armand, a reconnu : *«Nous sommes aujourd’hui, en Europe, un des pays les plus isolés en termes de déficit et de dette, et nos partenaires européens nous regardent.»* Dans ce contexte, le gouvernement défend un budget de rigueur pour 2025, prévoyant 60 milliards d’euros d’économies, dont 40 milliards de baisses de dépenses et 20 milliards de hausses d’impôts.
Impact limité sur les taux d’intérêt
Actuellement, la charge de la dette constitue le deuxième poste budgétaire après l’éducation, avec plus de 50 milliards d’euros, et pourrait devenir le premier d’ici 2027. Cela limite les marges de manœuvre financières. L’économiste Eric Dor fait remarquer que *«souvent, l’impact d’une dégradation est insignifiant parce que les investisseurs sur les marchés étaient déjà au courant des problèmes du pays concerné et en tenaient déjà compte pour déterminer le taux d’intérêt exigé sur ses obligations.»*
Les défis à venir
Pour maintenir la crédibilité de la France, le gouvernement prévoit de réduire les dépenses publiques, où la France est un leader en Europe, et d’augmenter les impôts des entreprises et des contribuables riches. Cependant, il peine à convaincre une Assemblée nationale fragmentée, où il est minoritaire. Les atouts de la France, tels qu’une économie diversifiée et des systèmes fiscal et bancaire solides, pourraient ne pas suffire face à la difficulté *«d’obtenir une majorité pour voter les mesures nécessaires à l’assainissement des finances publiques»*, selon Eric Dor.
Perspectives économiques
Le gouvernement vise à ramener le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025, afin de respecter les critères européens d’ici 2029, avec un objectif de 2,8 %. Il prévoit également que la croissance atteindra 1,1 % en 2025, comme cette année, tout en continuant à faire face à des défis liés aux mesures de redressement. Sans efforts supplémentaires, le Fonds monétaire international (FMI) a averti d’un risque de dérapage important, avec un déficit qui pourrait atteindre 5,9 % l’an prochain et une dette culminant à 124,1 % du PIB en 2029.