Mémoires sauvées de l’eau : Le nouveau roman de Nina Leger
Dans son dernier ouvrage, Mémoires sauvées de l’eau, l’écrivaine Nina Leger dépeint la Californie d’une manière inédite en explorant les thèmes des catastrophes naturelles et des conflits historiques. Ce roman, publié par Gallimard, met à mal l’image idyllique souvent associée au Golden State.
Une héroïne face aux réalités du Golden State
L’héroïne, Thea, fait face à une prise de conscience douloureuse des racines violentes et prédateurs qui sous-tendent la prospérité californienne. Après avoir été contrainte de quitter Oroville, une petite ville pittoresque au cœur des montagnes du Nord, à cause d’un incendie dévastateur, elle se retrouve confrontée aux conséquences des abus humains sur la nature. Thea, jeune scientifique diplômée de l’université de San Francisco, avait initialement été attirée par cette région en raison d’une catastrophe antérieure liée à un barrage qui menaçait l’équilibre écologique local.
Des résonances historiques et familiales
Le récit de Leger met en lumière non seulement l’impact environnemental, mais également les profondeurs historiques de la Californie. Thea, issue d’une famille célèbre, partage une correspondance touchante avec sa grand-mère, Ursula K. Le Guin, figure emblématique de la science-fiction et du féminisme. Cette relation intergénérationnelle enrichit le personnage de Thea, l’incitant à revisiter l’histoire méconnue de sa ville natale.
Le dernier des Yahi : un symbole poignant
Un épisode marquant du passé d’Oroville est lié à l’histoire d’Ishi, le « dernier des Yahi », qui émergea dans la ville en 1911 après avoir survécu à des massacres de colons. Protégé par Alfred Kroeber, un anthropologue de renom et arrière-grand-père de Thea, Ishi fut exhibé comme un vestige vivant de sa culture. Ce récit tragique souligne la complexité de l’héritage culturel et les violences infligées aux populations autochtones.
Mémoires sauvées de l’eau soulève des questions cruciales sur notre rapport à la nature et à l’histoire collective, tout en offrant une réflexion sur l’identité californienne à travers le prisme de ses personnages. Avec ce roman, Nina Leger confirme son talent pour allier fiction et réalité d’une manière percutante et engagée.