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Mark Rutte, un homme politique chevronné au style décontracté, devra faire preuve de bravoure pour guider l’OTAN durant l’une de ses périodes les plus tumultueuses. Connu pour ses allers-retours en vélo, souvent avec une pomme à la main, Rutte a été nommé mardi en tant que quatrième Néerlandais à prendre les rênes de l’Alliance militaire de 32 pays, à un moment où les tensions avec la Russie s’intensifient et que l’engagement des États-Unis suscite autant d’inquiétude que d’indifférence.
Un style de vie accessible et authentique
Dans son pays natal, Mark Rutte est perçu comme un « Monsieur tout le monde ». Il se rend à son travail à vélo et n’hésite pas à faire ses courses lui-même au supermarché. Même pour rencontrer le roi, il préfère conduire sa propre Saab. Ce mode de vie contrastait avec le poids de ses nouvelles responsabilités à Bruxelles, alors qu’il quittait son bureau de Premier ministre, surnommé « La Tourelle », pour se plonger dans le tumulte de son nouveau rôle. Le quotidien néerlandais NRC a illustré la situation avec un dessin humoristique : Rutte, croquant une pomme tout en pédalant, fait route vers un groupe de dirigeants armés de missiles.
Un parcours politique impressionnant
Mesurant 1m93, Rutte, âgé de 57 ans, a été affectueusement surnommé « Mark Téflon » pour sa capacité à échapper aux scandales. Cet attribut lui a permis de rester Premier ministre pendant 14 ans, établissant un record dans son pays. Malgré des crises comme celle de 2021, lorsqu’il a dû démissionner après un scandale lié aux allocations sociales, il a su rebondir. En juillet 2023, après des luttes au sein de sa coalition sur des questions d’asile, il a finalement quitté son poste. Dans un message adressé aux Néerlandais, il a déclaré : « Beaucoup de choses se sont mal passées sous ma responsabilité et j’ai pris cela personnellement. »
Le négociateur habile
Il est également connu sous le nom de « The Trump Whisperer » en raison de sa capacité à dialoguer avec l’ancien président américain Donald Trump. Rutte a été salué pour avoir sauvé un sommet de l’OTAN en 2018 grâce à des discussions franches sur le financement de la défense. Sa manière directe a été mise en lumière lors d’une visite à Washington, où il a interrompu Trump en affirmant « non » résolument face à ses propos sur l’absence d’un accord commercial avec l’UE.
Engagement fort envers l’Ukraine
Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, Mark Rutte a réitéré son franc-parler, soulignant la nécessité pour l’Europe de collaborer avec tous les acteurs pertinents. Son soutien à l’Ukraine, notamment par la fourniture d’avions de chasse F-16, a été qualifié d’« historique » par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Rutte a exprimé sans détour que « l’Ukraine doit gagner cette guerre, pour sa sécurité et la nôtre ». Depuis l’invasion de l’Ukraine, il a été vocal sur les actions de Vladimir Poutine, le qualifiant de « froid, brutal, impitoyable ».
Une histoire personnelle marquante
Mark Rutte était premier ministre lorsque le vol MH17 de Malaysia Airlines s’est écrasé en Ukraine en 2014, tuant 298 personnes dont 196 Néerlandais. Cet événement tragique a profondément marqué sa carrière. Il a déclaré que cet incident a radicalement changé sa perception du monde et a renforcé sa détermination à soutenir l’Ukraine.
Un homme de routine
Avant de se lancer en politique, Rutte avait envisagé une carrière de pianiste. Après ses études, il a intégré Unilever, un géant anglo-néerlandais de la consommation. Reconnu pour sa prudence face au changement, il vit à La Haye où il consacre du temps à l’enseignement bénévole. Marco Rimmelzwaan, son coiffeur, confirme : « Mark n’aime pas le changement, il veut toujours la même chose. »