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En visite à Paris, la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, exprime ses préoccupations concernant la concentration des économies en Europe et aux États-Unis, tout en regrettant la lenteur infinie des procédures bruxelloises.
Les réalisations de Vestager face aux Gafa
À l’approche de la fin de son mandat, Margrethe Vestager souhaite mettre en avant les avancées significatives réalisées par Bruxelles contre les géants du numérique, notamment les Gafa et les entreprises chinoises. Lors d’un événement organisé à Paris par le cabinet Cleary Gottlieb et le magazine Concurrences, elle se félicite particulièrement des sanctions infligées à Google et Apple.
_« Ces deux cas montrent qu’aucune entreprise n’est au-dessus des lois. Ils illustrent que plus vous êtes grands, plus vous avez de responsabilités »,_ a-t-elle déclaré.
Les amendes imposées sont conséquentes : 2,4 milliards d’euros pour Google et 14,8 milliards d’euros pour Apple, intérêts compris.
Une évolution nécessaire des discussions sur la concurrence
Depuis dix ans, les enjeux liés à la concurrence ont pris une ampleur sans précédent. _« Auparavant, c’était une communauté beaucoup plus étroite. Aujourd’hui, la question de la concurrence est omniprésente. Nous cherchons à concilier politique industrielle et politique concurrentielle dans le but d’augmenter notre compétitivité »,_ a-t-elle ajouté.
Vestager a également souligné la situation actuelle : _« Même à Paris, vous parlez anglais maintenant ! »_ Cette déclaration souligne l’intégration croissante des marchés et la nécessité d’une communication fluide au sein de l’Europe.
Les défis de la concentration des entreprises
Cependant, la concurrence reste fragile. Au cours des deux dernières décennies, les grandes entreprises ont continué à augmenter leurs profits et leur concentration. _« Ce n’est pas aussi préoccupant qu’aux États-Unis, mais cela demeure inquiétant »,_ a-t-elle noté. Cette concentration a des répercussions économiques, entraînant une baisse de la croissance et une productivité amoindrie, ainsi qu’un accroissement des inégalités salariales.
Réflexions sur les fusions et acquisitions
Interrogée sur l’interdiction de la fusion entre Alstom et Siemens, Vestager a répondu avec humour en citant Édith Piaf : _« Non, je ne regrette rien ! »_ Elle a expliqué que cette décision, critiquée en 2019, a permis de maintenir deux champions européens sur le marché. _« On nous avait promis une invasion des Chinois, or les Chinois ne sont nulle part. Nous avons donc deux géants européens au lieu d’un, et je trouve que c’est une très bonne chose »,_ a-t-elle affirmé.
Des regrets et des attentes pour l’avenir
Néanmoins, Vestager ressent quelques regrets. Elle aurait souhaité agir plus rapidement. _« Pendant ces longs mois où nous instruisons les dossiers, il y a des entreprises qui meurent »,_ a-t-elle déploré. Elle critique la lenteur nécessaire pour prouver qu’une entreprise détient un pouvoir dominant sur le marché.
Les récentes lois DSA et DMA représentent un changement significatif, car elles considèrent automatiquement les grandes plateformes comme des contrôleurs d’accès au marché. Son autre regret majeur concerne l’absence d’une union des capitaux en Europe, essentielle pour créer des géants mondiaux capables de rivaliser avec les États-Unis et la Chine.