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Manifestation massive à Tbilissi en faveur de l’Europe et contre un projet de loi controversé
Une foule immense s’est rassemblée dans la capitale géorgienne, Tbilissi, demandant au pays de poursuivre une orientation occidentale en réponse à un projet de loi draconien considéré comme influencé par la Russie.
Environ 20 000 personnes ont participé à la « Marche pour l’Europe » dimanche, appelant le gouvernement à abandonner le projet de loi sur « l’influence étrangère ». L’Union européenne a mis en garde contre cette législation, qui s’opposerait aux organisations politiques et civiles recevant des fonds de l’étranger, risquant ainsi de compromettre les aspirations européennes de Tbilissi.
Des manifestations antigouvernementales de masse ont lieu depuis la mi-avril, lorsque le parti au pouvoir Géorgien Rêve a réintroduit le projet de loi, critiqué pour sa ressemblance avec la législation russe visant à faire taire la dissidence. Des vagues de protestations de rue similaires, au cours desquelles la police a réagi avec sévérité en utilisant des gaz lacrymogènes, ont contraint le parti à abandonner une mesure similaire en 2023.
La police a affronté des manifestants lors des dernières manifestations déclenchées par la reprise du projet de loi. Une procession longue d’un kilomètre, arborant un immense drapeau de l’UE en tête, s’étirait le long de la principale artère de Tbilissi en direction du parlement. À un moment donné, lors de ce rassemblement largement pacifique, les manifestants ont tenté de rompre un cordon policier devant le bâtiment du parlement pour hisser un drapeau de l’UE. La police a fait usage de gaz poivre sans avertissement.
Le ministère de l’Intérieur a déclaré dans un communiqué que « la manifestation est devenue violente » et que « les manifestants ont fait face physiquement et verbalement aux forces de l’ordre ». Après minuit, des centaines de policiers anti-émeutes ont été déployés dans la zone.
Contre-manifestation annoncée par le parti au pouvoir
Pour contrer les jours de manifestations antigouvernementales, le parti au pouvoir en Géorgie a annoncé une contre-manifestation alors qu’une commission parlementaire doit tenir une deuxième lecture du projet de loi.
Si adoptée, la loi exigera que toute ONG indépendante et tout média recevant plus de 20 % de ses financements de l’étranger s’inscrive en tant qu' »organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ».
La présidente géorgienne Salomé Zurabishvili, en conflit ouvert avec le parti au pouvoir, a déclaré qu’elle opposerait son veto à la loi. Cependant, le Géorgien Rêve détient une majorité absolue au parlement, lui permettant d’adopter des lois et de rejeter un veto présidentiel sans avoir besoin du soutien d’élus de l’opposition.
Position de l’Union européenne et réponse des parties en présence
La Géorgie aspire à rejoindre l’Union européenne et l’OTAN, une volonté inscrite dans sa constitution et soutenue par plus de 80 % de la population selon les sondages. Néanmoins, le Géorgien Rêve affirme être fermement pro-européen et que la loi proposée vise uniquement à « renforcer la transparence » des financements étrangers des ONG.
Mais les critiques l’accusent de ramener l’ancienne république soviétique vers des liens plus étroits avec la Russie. Le chef de l’opposition du parti Akhali, Nika Gvaramia, a déclaré que « cette loi, tout comme ce gouvernement, sont incompatibles avec le choix historique de la Géorgie de devenir membre de l’UE ».
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré que le projet de loi « n’est pas en adéquation » avec la candidature de la Géorgie à l’UE, soulignant qu’il « éloignerait la Géorgie de l’UE au lieu de la rapprocher ».
En décembre, l’UE a accordé à la Géorgie le statut officiel de candidat. Avant le lancement officiel des négociations d’adhésion, Tbilissi devra réformer ses systèmes judiciaire et électoral, réduire la polarisation politique, améliorer la liberté de la presse et limiter le pouvoir des oligarques, a déclaré Bruxelles.
Autrefois considérée comme un chef de file dans la transformation démocratique des anciens pays soviétiques, la Géorgie a été critiquée ces dernières années pour ce qui est perçu comme un recul démocratique.