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Lutte anti-tabac : la Suisse prend enfin des mesures tardives

par Lea
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Lutte anti-tabac : la Suisse prend enfin des mesures tardives

Lutte anti-tabac : la Suisse prend enfin des mesures tardives

Dans un tournant significatif pour la santé publique, la Suisse s’apprête à interdire la vente de tabac aux enfants et adolescents, une initiative qui arrive avec au moins deux décennies de retard. Ce changement législatif, adopté par le Conseil fédéral, sera effectif à partir du 1er octobre 2024, coïncidant avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les produits du tabac (LPTab).

Des mesures de prévention en retard

Actuellement, dans dix cantons alémaniques tels qu’Appenzell, les mineurs peuvent se procurer des cigarettes sans aucune restriction. Toutefois, dès octobre prochain, l’âge minimum pour acheter ces produits sera fixé à 18 ans dans des cantons comme Appenzell Rhodes-Intérieures et Schwytz, alors que d’autres imposent déjà une limite de 16 ans. Ce changement, bien que tardif, est crucial, car diverses études montrent que la plupart des individus développent une addiction à la nicotine avant l’âge de 25 ans, période où le cerveau est davantage mature.

Engagements non tenus

En 2004, la Suisse s’était engagée à adopter des mesures drastiques pour contrer le tabagisme en signant la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT). Pourtant, après 20 ans, seulement quatre pays européens, dont la Suisse, ne l’ont pas encore ratifiée. Selon Céline Reymond, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la ratification de la CCLAT reste un objectif dans le cadre de la stratégie nationale de prévention des maladies non transmissibles. L’interdiction de vente de produits de tabac aux mineurs est une avancée utile pour favoriser cette ratification, mais des lacunes persistent, notamment en ce qui concerne la régulation de la publicité.

Une législation inadaptée face à un problème grave

Avec près de 9500 décès par an attribués au tabagisme, la question de la législation devient pressante. De plus, la majorité des fumeurs expriment le désir d’arrêter ou de réduire leur consommation. Luciano Ruggia, directeur de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme (AT), critique l’attentisme des parlementaires sur cette question, soulignant un contraste frappant avec leur rapidité à legisler durant la pandémie de Covid-19.

Le fossé entre les souhaits du peuple et les actions politiques

Le soutien populaire ne manque pas, comme en témoigne le vote en faveur de l’initiative «Enfants sans tabac». Cette initiative vise à interdire la publicité pour le tabac ciblant les enfants et les jeunes, mais des efforts pour édulcorer le texte législatif en cours décrédibilisent la volonté populaire et sacrifient la santé publique au profit des intérêts économiques.

Les lobbys sous pression

Le poids des lobbies, en particulier celui de l’industrie du tabac et de l’agriculture, complique la situation. Alors que peu de tabac est cultivé en Suisse, les producteurs bénéficient de subventions et d’accords avec les géants du tabac, créant ainsi un puissant réseau d’influence. Des multinationales comme Philip Morris et Japan Tobacco sont fortement ancrées dans le paysage économique suisse, et certaines de leurs stratégies de marketing ciblent particulièrement les jeunes.

Une tendance inquiétante chez les jeunes consommateurs

Bien que le nombre quotidien de fumeurs classiques ait diminué, cette baisse est compensée par une hausse de la consommation des autres produits nicotiniques. Entre 2018 et 2022, la proportion d’écoliers de 15 ans ayant consommé des cigarettes ou cigarettes électroniques a augmenté, révélant une tendance alarmante qui ne saurait être ignorée.

Le besoin urgent de régulation et de transparence

Il est incontournable d’instaurer une régulation plus stricte afin de limiter l’accès des jeunes aux produits du tabac et de les protéger des stratégies marketing agressives. Une telle régulation doit, entre autres, exiger une transparence des dépenses marketing des cigarettiers pour mieux comprendre comment le tabac atteint les jeunes. L’exemple américain de procès historiques contre les cigarettiers montre que des mesures efficaces peuvent être mises en place pour inverser la tendance au tabagisme.

Au fur et à mesure que la Suisse avance vers une réglementation plus stricte, la responsabilité incombe à l’ensemble de la société de veiller à ce que les générations futures soient protégées contre les dangers du tabagisme.

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