Échec de l’ONU face aux conflits en Ukraine et au Proche-Orient
L’Organisation des Nations Unies (ONU), dont l’Assemblée générale se déroule actuellement à New York, peine à faire face aux conflits, notamment en Ukraine et au Proche-Orient. Dans un contexte mondial marqué par les tensions et les divisions, l’ONU a du mal à imposer son autorité pour endiguer les hostilités. Cet échec est souvent perçu comme une occasion pour certains experts de la critiquer, en soulignant son rôle de bouc émissaire.
Les responsabilités selon la Charte des Nations Unies
La Charte des Nations Unies établit que l’un des principaux objectifs de l’organisation, créée après la Seconde Guerre mondiale, est de « maintenir la paix et la sécurité internationale » tout en prenant « des mesures efficaces » contre toute agression. Cependant, face aux guerres en Ukraine, à Gaza et au Soudan, les reproches concernant l’inefficacité de l’ONU sont légion.
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, reconnaît que « nous n’avons pas la paix et la sécurité dans le monde ». Toutefois, il précise que cette situation « n’est pas à cause de l’ONU en tant qu’institution », mais résulte des actions des États membres.
Le Conseil de sécurité paralysé
Le Conseil de sécurité de l’ONU, principalement bloqué par les veto russes et américains, voit sa légitimité et sa pertinence érodées en raison des divisions entre ses membres permanents : États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine et Russie. Samuel Zbogar, ambassadeur slovène et membre élu du Conseil depuis janvier, qualifie même cette atmosphère de « poisonsée ».
Cette incapacité à résoudre des conflits majeurs n’est pas nouvelle. Richard Gowan, de l’International Crisis Group, souligne que l’ONU n’a jamais su mettre fin à des conflits impliquant des grandes puissances, citant l’exemple de l’invasion américaine de l’Irak et de la guerre du Vietnam.
Des conflits évités grâce à l’ONU
Cependant, Richard Gowan rappelle que « c’est toujours mieux de voir les États-Unis et la Russie se battre au Conseil de sécurité que de se faire la guerre sur le terrain en Syrie ». Oona Hathaway, professeure de droit international à l’université de Yale, évoque également les « conflits évités » et insiste sur la responsabilité des 193 membres de l’Assemblée générale d’agir.
Elle fait valoir que même si les résolutions de l’Assemblée sont non contraignantes, elles peuvent influencer les comportements, affirmant que l’Assemblée pourrait créer un tribunal pour juger le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Rôle crucial des Casques bleus
Les Casques bleus, avec plus de 70 000 soldats déployés dans le monde, jouent un rôle vital dans la protection des civils, malgré les critiques qui visent parfois ces missions de maintien de la paix. La récente évacuation de l’ONU du Mali en 2023 illustre les défis auxquels ces missions font face.
L’ONU, un système multilatéral en crise
Pour Gissou Nia, du centre de réflexion Atlantic Council, l’ONU demeure le meilleur système multilatéral à disposition du monde, même si elle traverse une période difficile. Jean-Marie Guéhenno, ancien chef des opérations de maintien de la paix, abonde dans son sens en affirmant que les États savent que l’ONU n’est « pas remplaçable ».
Et Antonio Guterres, en mettant en avant le rôle humanitaire primordial des agences de l’ONU, souligne que, bien qu’il ait « un pouvoir très limité », sa « voix ne sera jamais étouffée » dans ces temps troublés.