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Dans le contexte volatile de l'Asie du Sud, l'Afghanistan et ses relations internationales continuent de fasciner et d'interpeller. La fermeture récente de l'ambassade d'Afghanistan à New Delhi soulève des questions cruciales sur la position de l'Inde par rapport au régime Taliban en Afghanistan. Cet événement marque un tournant significatif dans les rapports historiquement riches entre l'Inde et l'Afghanistan, avec des répercussions potentielles sur la géopolitique régionale et sur les vies des citoyens afghans résidants en Inde.
La fin d'une mission diplomatique
Le 24 novembre, loin de l'agitation de Kaboul, un pilier de la représentation afghane s'est éteint à New Delhi. L'annonce de la fermeture définitive de l'ambassade, dirigée par l'ex-ambassadeur Farid Mamundzay, survient suite à des pressions exercées par le régime Taliban et le gouvernement indien. Deux mois auparavant, des signaux avaient déjà été émis par l'ambassade concernant des difficultés opérationnelles et un soutien insuffisant de l'Inde, mettant en péril la capacité à servir la diaspora afghane estimée à 32 000 personnes.
Un repositionnement stratégique ?
Le recul de l'Inde, fenêtre d'accès traditionnelle en Asie du Sud pour l'Afghanistan, suscite une analyse approfondie. Historiquement, la plus grande démocratie du monde a tissé des liens étroits avec des segments significatifs de la population afghane, notamment par son appui aux gouvernements démocratiques et son opposition au régime Taliban avant 2001. Toutefois, l'évolution de la situation régionale, notamment les tensions entre les Taliban et le Pakistan, a conduit à une reconfiguration délicate des rapports de l'Inde avec les forces en présence en Afghanistan. La réouverture de son ambassade à Kaboul en 2022 et le dialogue entamé avec les Taliban révèlent une certaine prudence de l'Inde face à ce groupe.
Conséquences humaines et diplomatiques
Outre les implications diplomatiques, la fermeture de l'ambassade impacte directement la vie des Afghans résidant en Inde, notamment en matière d'accès à l'éducation et de services consulaires. L'arrêt brutal de financements pour des écoles afghanes en Inde, conjugué à des politiques de visa plus restrictives, montre une évolution marquée du positionnement indien, particulièrement à l'égard de la communauté musulmane afghane.
L'avenir des relations indo-afghanes se trouve donc à un carrefour, oscillant entre une méfiance historique et les impératifs stratégiques actuels. L'Inde, en recherchant un équilibre délicat avec le régime Taliban, doit ainsi naviguer entre ses préoccupations sécuritaires régionales et les attentes d'une génération d'Afghans qui la considérait jadis comme une alliée de leurs aspirations démocratiques et de développement. Ce choix stratégique, bien que mue par des considérations de réalpolitik, risque de laisser une empreinte durable sur la perception de l'Inde au sein de la population afghane et sur l'échiquier politique en Asie du Sud.