Sommaire
À l’hôpital Geitaoui de Beyrouth, les médecins font face à des choix déchirants pour sauver les blessés de la guerre actuelle. Dans une situation où la capacité d’accueil est limitée, seuls les cas les plus critiques peuvent être pris en charge.
Une sélection tragique dans les hôpitaux
Dans les conflits, les hôpitaux, même ceux encore fonctionnels, se retrouvent souvent contraints de sélectionner les blessés. Une chose que le personnel médical souhaiterait éviter, mais qu’il doit faire face à la dure réalité. Les patients les plus gravement blessés, paradoxalement, ont souvent plus de chances de survie, car ils bénéficient des meilleurs soins dans des centres spécialisés en traumatologie. Malheureusement, cela signifie que d’autres blessés, tout aussi graves, doivent attendre.
Cas d’Ivana, un symbole de douleur
Dans une chambre stérile de l’hôpital, on trouve Ivana, une fillette de moins de deux ans, hospitalisée depuis cinq semaines après avoir été touchée par un missile. Elle souffre de brûlures au troisième degré sur 45 % de son corps. Malgré son état, sa situation est comparativement plus favorable par rapport à d’autres blessés qui n’ont pas eu accès à des soins appropriés.
Le témoignage du Dr. Ziad Sleiman
Le Dr Ziad Sleiman, chirurgien plasticien à l’hôpital Geitaoui, explique la gravité de la situation. Cet hôpital est le seul de la région capable de traiter des grands brûlés. « Nous recevons de nombreuses demandes des hôpitaux libanais pour accueillir des blessés des frappes israéliennes, mais nous ne pouvons pas tous les prendre », déclare-t-il. Les priorités sont données aux femmes, aux enfants et aux cas les plus critiques.
La douleur des familles
Ahmad Skayki, père d’Ivana, décrit la délicatesse de changer les bandages de sa fille, comparant cela à retirer un pansement d’une aile de papillon. Le 23 septembre, alors qu’il préparait une évacuation, une explosion a gravement blessé sa fille. Hospitalisée à Tiro, Ivana a finalement été transférée à Geitaoui, où elle a reçu des soins vitaux pour ses blessures.
Un contexte de guerre incessante
Alors que le conflit se prolonge, le ministère de la Santé libanais rapporte des chiffres alarmants : 2 865 morts et 13 047 blessés, ainsi que 55 attaques israéliennes ciblant des hôpitaux. La plupart des établissements de santé sont désormais en situation critique, avec plusieurs fermés ou fonctionnant à capacité réduite.
La résilience des jeunes survivants
Dans une chambre voisine, Mohammad Ibrahim, un garçon de 11 ans, joue aux échecs malgré ses blessures. Il a survécu à un bombardement qui a tué 71 personnes dans son immeuble. Sa mère, blessée, a tenu sa main jusqu’à ce qu’il soit secouru. Bien que la douleur physique soit intense, les infirmières veillent à ce que la lumière reste allumée dans sa chambre pour apaiser sa peur du noir.