Appel pressant aux organisations de protection des journalistes
Tandis que nos écrans étaient saturés des nouvelles du martyre de journalistes, parmi nos jeunes prometteurs et émergents dans la bande de Gaza, Hamza Wael al-Dahdouh – le fils aîné du grand et inflexible journaliste collègue, le principal correspondant d’Al Jazeera à Gaza – et Mustafa Thuria, ce jeune remarquable, débordant d’amour pour Gaza et épris de sa beauté, qui a déployé tous ses efforts pour capturer cette beauté depuis ses cieux avec un drone, avant que la main de l’agression israélienne ne s’étende et ne vole cette beauté pour la remplacer par la destruction.
L’occupation a bombardé une voiture dans laquelle se trouvaient les deux journalistes, entraînant leur martyr et blessant trois autres journalistes. Alors que nous et le monde entier regardions, la nouvelle du martyr d’un troisième journaliste palestinien à Gaza, Ali Salem Abu Ajwa, nous est parvenue, tué par le bombardement de l’occupation israélienne lors de sa couverture journalistique, portant ainsi le nombre de nos journalistes martyrs à cent dix en trois mois.
Pendant ce temps, tandis que le nombre de martyrs augmente, nous regardons à droite et à gauche, à la recherche de ceux qui nous ont toujours harcelés en affirmant qu’ils défendraient, protégeraient et aideraient les journalistes, et qui ont construit des institutions gigantesques sur ces nobles objectifs et valeurs.
Messieurs et Mesdames, où êtes-vous ? Où vous cachez-vous depuis trois mois ? Pourquoi gardez-vous un silence de mort sur ce massacre continu contre les journalistes de Gaza, qui jusqu’à présent a touché cent dix collègues arrachés par les obus israéliens, alors qu’ils étaient sur le terrain, chez eux ou dans leurs véhicules clairement marqués comme transportant des journalistes, ou parfois – dans les centres de déplacement ?
Le massacre a également touché de manière continue les familles des journalistes, faisant des dizaines de martyrs et des centaines de blessés ! Le nombre de journalistes martyrs est inconcevable, et il suffit de faire une comparaison rapide entre ce nombre et celui des journalistes tués partout dans le monde en 2022 et l’année précédente pour être choqués.
Gaza, en un quart d’année, a perdu 110 journalistes martyrs, tandis que le nombre de journalistes tués dans le monde entier en 2022 était de 86, et de 55 en 2021, selon le rapport sur la liberté d’expression présenté par l’UNESCO, qui a nommé l’année 2022 comme l’année la plus meurtrière pour les journalistes. Que dire de ce massacre que subissent les journalistes à Gaza depuis trois mois ? Et pourquoi ces nombres ne provoquent-ils pas la colère des institutions internationales qui prônent la liberté d’expression et la protection des journalistes ? Pourquoi leurs voix sont-elles timides et embarrassées ?
Qui vous empêche, face à l’ampleur de la catastrophe, de crier comme nous le faisons tous, comme Wael al-Dahdouh a crié et pleuré, par exemple ? Et qui vous retient de jouer votre rôle pour lequel vous avez acquis votre nom et votre gloire, en faisant le nécessaire pour protéger les journalistes partout ?
Et si vous avez échoué ou si vous êtes impuissants à le faire, pourquoi ne dites-vous pas honnêtement aux journalistes de Gaza la raison de votre échec et de votre impuissance, si ce n’est pas à cause de votre défaillance et de votre conspiration ?
Nous avons le droit de vous rappeler que vous n’avez pas perdu une heure pour intervenir dans la guerre en Ukraine, envoyant délégations après délégations, support après support, des équipes de soutien et l’équipement nécessaire pour protéger les journalistes, organisant des conférences, des ateliers de travail et des formations, critiquant Poutine et la Russie avec les mots les plus forts pour ce qui a touché les journalistes là-bas, ce qui ne se compare pas à ce que l’occupation criminelle a fait contre nos journalistes à Gaza. Pourquoi n’avez-vous pas fait de même lorsque cette agression a commencé contre Gaza ? Et pourquoi n’avez-vous pas défié cette occupation en envoyant vos équipes ?
Vous êtes hypocrites, menteurs, trompeurs, vous ne devriez pas vous draper dans le manteau de défenseurs d’une profession bâtie sur des chartes éthiques et associée aux valeurs. C’est le message du journaliste à l’humanité sur ce qui se passe autour de lui avant d’être un métier pour gagner sa vie.
Pourquoi n’écrivez-vous pas sur les crimes de l’occupation ? Pourquoi n’encouragez-vous pas les correspondants étrangers – qui sont membres de vos institutions, forums, syndicats et fédérations – à venir à Gaza pour couvrir la guerre et soutenir leurs collègues locaux, peut-être pourriez-vous offrir un type de protection ou de soutien moral en étant à leurs côtés et en diffusant leur voix et leur image ?
Avez-vous peur ! Ou cette guerre ne vous concerne-t-elle pas, ou le journaliste palestinien n’est-il pas du même rang que les journalistes qui méritent vos efforts, votre lutte et votre soutien, bien qu’ils soient parmi les journalistes les plus courageux que l’humanité ait connus, et parmi les jeunes les plus remarquables qui se sont attachés à leur terre, à leur peuple et à leur cause, et qui ont montré au monde entier l’ampleur du crime commis par l’occupation.
Ainsi, ils méritent que l’on leur tire notre chapeau et qu’on leur décerne des prix, mais avant tout, ils ont besoin de ce que vous avez en termes de capacité à défendre leur sécurité, à empêcher les attaques contre eux, à arrêter de viser leur cible et à élever la voix pour la nécessité de mettre fin au massacre contre eux… Allez-vous le faire avant qu’Israël n’éradique ceux qui leur restent ?