Les voleurs du siècle fuient l’Irak et suscitent l’indignation
Bagdad – L’affaire de Nour Zouheir, principal suspect dans ce qui est désigné comme la « corruption du siècle » en Irak, a refait surface après des rumeurs concernant un incident présumé à Beyrouth, la capitale libanaise. Ce récit suscite des doutes, considéré par certains comme une excuse pour retarder son apparition devant la justice. De plus, des critiques à l’égard du système judiciaire se multiplient, soulevant des préoccupations sur la libération de suspects de corruption qui fuient ensuite le pays.
Une affaire révélatrice de la corruption
L’affaire de la « dérobade fiscale », exposée en octobre 2022, a provoqué un véritable tollé en Irak, notamment en raison des implications de responsables politiques et d’hommes d’affaires notables. Au moins 2,5 milliards de dollars ont été détournés entre septembre 2021 et août 2022, par le biais de 247 chèques émis par cinq entreprises, dont les propriétaires ont majoritairement fuit à l’étranger.
La première audience du procès de Nour Zouheir était programmée pour le 14 août, mais celle-ci a été reportée en raison de son absence, selon l’annonce de Mustafa Sand, député, sur Facebook.
Des doutes sur l’accident à Beyrouth
Des médias ont rapporté que Zouheir avait subi un accident à Beyrouth, ce qui a suscité de vives critiques. Beaucoup parlent d’une tentative d’échapper à une audience prévue le 27 août ou de ralentir l’évolution de l’affaire. La députée irakienne Sarwa Abdel Wahid a démenti les informations sur l’accident, affirmant que le médecin responsable du faux rapport médical à l’hôpital Saint-Therese a été mis sous enquête.
Le phénomène de la fuite des suspects
La fuite de suspects de grande envergure est un problème récurrent en Irak. Cela remonte au départ de l’ancien ministre de l’électricité Aiham al-Samarrai en 2006 pour des accusations de corruption, suivi par d’autres personnalités fuyant après des mandats d’arrêt ou grâce à des systèmes de caution.
Pour interroger les raisons de cette libération, Al Jazeera a sollicité l’expert en intégrité et lutte contre la corruption, Habib Abdel Aïd Al-Quraishi. Il a expliqué que la mise en liberté sous caution dépend de la décision du juge, conformément à l’article 109 du code de procédure pénale, lorsque l’accusé apporte une garantie financière ou personnelle.
Les implications de la corruption en Irak
Al-Quraishi a souligné que la liberté sous caution n’implique pas une déclaration d’innocence, mais est liée à une législation stipulant que la détention ne doit pas dépasser six mois ou un quart de la peine encourue.
Concernant les détournements massifs, il a précisé qu’il existe plusieurs cas de détournements impliquant des agences et institutions qui ont conduit des accusés à fuir et à être jugés par contumace.
Des inquiétudes sur le système judiciaire
La Commission de l’intégrité au parlement irakien a mis en garde contre le manque de dissuasion pour ceux qui enfreignent les lois sur les biens publics. Le député Raad Al-Dahlaki a déclaré que le vol dans la capitale n’était pas un cas isolé, citant une affaire similaire qui a été révélée à Diyala, où certains fonctionnaires ont été arrêtés et sont en cours d’enquête.
Il a également exprimé l’espoir que les prochains mois soient marqués par des réformes pour lutter contre la corruption, soulignant que plusieurs dossiers seront transmis au système judiciaire pour un examen adéquat.
Enfin, la nécessité d’une réforme
Selon l’animateur Riyad Hadi, la persistance de la corruption en Irak est en partie due aux structures de pouvoir en place qui entravent l’avancée de la justice. Hadi a affirmé que depuis 2003, le pays a souffert d’une corruption qui a gravement affecté les projets économiques, politiques et sociaux. Le manque de lois appliquées équitablement est également critiqué, de même que la tentative des partis politiques de politiser le système judiciaire.