Sommaire
# Les premiers habitants de la Hôte centrale d’Iran révélés
Dans une caverne de la Hôte centrale iranienne, des traces de présence humaine datant de 452 000 à 165 000 ans ont été découvertes, incluant des outils en pierre sculptée, des os de chevaux et des dents de lait. Celles-ci sont les plus anciennes jamais trouvées dans cette vaste région à la croisée du Moyen-Orient et de l’Asie.
Découverte en Iran
Une étude publiée fin mai dans le « Journal of Paleolithic Archaeology » indique que cette découverte avance de 300 000 ans le premier signe documenté de l’établissement humain dans la région par rapport à ce que l’on pensait auparavant.
![Série de montagnes Zagros entre l’Iran, l’Irak et le sud-est de la Turquie](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/05/GettyImages-852225744-1717166885.jpg?w=770&resize=770%2C514)
Gilles Berillon, un scientifique au Centre national de la recherche scientifique français travaillant au Musée de l’Homme, a participé à cette étude. Il a souligné que des matériaux archéologiques aussi anciens sont rares dans cette région.
Contributions et recherches
Les préhistoriens savaient que la Hôte centrale iranienne était habitée depuis des centaines de milliers d’années, en raison de la diversité des sites dans les régions environnantes, comme le Moyen-Orient, le Caucase à l’ouest, et l’Asie centrale à l’est, où vivaient diverses espèces humaines telles que l’Homo erectus, l’Homme de Néandertal, les Denisoviens et l’Homo sapiens.
Les preuves de la présence humaine incluent des découvertes d’outils en pierre en Iran, certains à la surface et d’autres révélés par de rares fouilles dans des endroits spécifiques. Cependant, aucune fouille n’avait jusqu’à présent permis de déterminer une chronologie aussi précise et aussi large.
Preuves de présence humaine
En 2018, une équipe du projet anthropologique franco-iranien a réétudié la « Grotte de Qaleh Kurd » (nord de l’Iran), située à l’extrémité occidentale de la Hôte centrale iranienne, surveillée par les montagnes Zagros. La grotte, perchée à 2137 mètres, avait été illégalement fouillée il y a des décennies, où des outils en pierre avaient été trouvés près de son entrée.
Les nouvelles fouilles, atteignant une profondeur de 2,5 mètres sur une surface ne dépassant pas 11 mètres carrés, ont conduit à la découverte de « dizaines de milliers de pièces archéologiques », selon Gilles Berillon.
Résultats des fouilles
Parmi ces pièces, un grand nombre d’os de chevaux et d’ânes sauvages marqués par leur utilisation pour la boucherie, et des outils en pierre utilisés pour préparer les aliments. Ces découvertes, restées en place sur plusieurs couches dont la plus profonde date de 452 000 ans et la plus récente de 165 000 ans, fournissent une riche matière à chronologie.
Le projet est mené par Gilles Berillon et Hamed Vahdati Nasab, de l’Université Tarbiat Modares à Téhéran.
Une dent de lait humaine trouvée parmi les découvertes reste impossible à dater directement mais se trouvait dans une couche de 165 000 à 175 000 ans, constituant la plus ancienne dent humaine connue dans une région sans trace humaine datée de plus de 80 000 ans.
Identité des premiers habitants
La dent montre des signes d’abcès et de carie, suggérant qu’elle pourrait être tombée naturellement là où habitait le groupe. Berillon imagine que des groupes humains utilisaient la grotte temporairement, pour y vivre et se nourrir, sans l’occuper en permanence.
À plus de 2000 mètres d’altitude pendant la période géologique du Pléistocène moyen caractérisée par des périodes glaciaires, l’accès au site n’était bien sûr pas possible toute l’année.
Mais qui utilisait ce site? Des Néandertaliens, comme leurs voisins à quelques centaines de kilomètres à l’ouest? Des Denisoviens d’Asie? Ou peut-être des espèces plus anciennes, contemporaines de l’Homme de Tautavel des Pyrénées européennes, à l’âge de la couche la plus ancienne de la « Grotte de Qaleh Kurd »?
Questions en suspens
Gilles Berillon conclut que la rareté des restes humains rend difficile de déterminer les espèces exactes occupant le site, mais que cette période de 300 000 ans couvre une phase de grande diversité culturelle, durant laquelle de nombreuses espèces humaines, y compris l’Homo sapiens, ont probablement coexisté ou remplacé les unes les autres. Les fouilles continues dans « Qaleh Kurd » et d’autres sites de la région devraient permettre de mieux comprendre la complexité du peuplement humain.