Les médias israéliens affirment que l’attaque du Hezbollah n’a pas modifié la stratégie d’Israël
De nombreux analystes israéliens estiment que la prétendue « réponse préventive » d’Israël à l’attaque menée par le Hezbollah, qui a impliqué des roquettes et des drones ciblant le nord d’Israël et une base de renseignements israélienne près de Tel Aviv, a réussi à empêcher le déclenchement d’une guerre régionale, mais n’a pas amélioré la situation stratégique d’Israël. Les experts appellent à une conclusion rapide d’un accord d’échange de prisonniers avec le Hamas.
Situation inchangée
Dans un article pour le quotidien Maariv, le célèbre écrivain israélien Ben Caspit a déclaré que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, ont choisi « l’option la plus simple ».
Il a ajouté : « Ce n’était pas une guerre préventive. Ce n’était pas une frappe préventive, semblable à la manière des Six Jours (guerre de juin 1967). C’était une opération de lutte contre le terrorisme. Cela a contrecarré et perturbé le plan d’action du Hezbollah, mais cela n’a rien changé à notre situation stratégique sur le front nord. »
Caspit a critiqué le choix de Netanyahu, qui a évité des propositions plus audacieuses, privilégies des mesures stratégiques pour infliger des dommages réels au Hezbollah et restaurer la dissuasion israélienne.
Critiques du leadership israélien
Il a ensuite expliqué que le Premier ministre a préféré la voie moins risquée, notamment en refusant une offensive préventive contre le Hezbollah au Liban. « Je vais jusqu’à dire que les dommages causés par les frappes continues sur les bases de l’armée israélienne dans le nord sont supérieurs à ceux qui auraient pu être infligés aux bureaux du Mossad ou à la base 8200 », a-t-il affirmé.
Malgré cela, il a qualifié l’opération de « fabuleuse », notant qu’elle s’est déroulée sans pertes humaines du côté libanais, ce qui a selon lui incité le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à modifier son discours lors de sa dernière intervention.
Aperçu de l’avenir
Caspit a également indiqué qu’il pourrait découler de ces événements un optimisme en ce qui concerne la reprise des négociations conduites par l’émissaire américain Amos Hochstein, visant à trouver une solution au nord.
En ce qui concerne un éventuel accord d’échange de prisonniers, il a suggéré que le leader du Hamas, Yahya Sinwar, pourrait peut-être réaliser que le salut ne vient pas de Nasrallah, mais d’un accord avec Israël pour un cessez-le-feu.
Accord d’échange de prisonniers en priorité
Les commentaire d’autres analystes comme Nadav Eyal, expert en affaires internationales, rejoignent l’évaluation de Caspit sur la réponse des forces israéliennes à l’attaque du Hezbollah. Eyal a souligné que Netanyahu a choisi à nouveau la solution la plus limitée depuis le début du conflit, exprimant constamment ses doutes ou son opposition à toute offensive.
Pour Eyal, « les succès opérationnels de l’armée israélienne et la compréhension que le Hezbollah ne ripostera pas de manière à provoquer une guerre, ainsi que la défense réussie sur la frontière nord au cours des dernières 24 heures, fournissent une plateforme excellente pour atteindre les objectifs de cette guerre, dont la majorité des Israéliens considèrent que le principal est le retour des otages ».
Déclin du risque de guerre régionale
Amos Harel, analyste politique éminent du journal Haaretz, a également noté que « le risque de guerre régionale qui a pesé sur le Moyen-Orient pendant trois semaines a considérablement diminué ». Il a ajouté que cette absence d’escalade permettrait de poursuivre les négociations pour un échange de prisonniers et un cessez-le-feu à Gaza, récemment repris à Le Caire avec la participation d’une mission de sécurité israélienne.
Il a aussi souligné que les ambitions de Sinwar n’ont pas encore été satisfaites et s’est demandé si cela suffira pour le ramener vers des négociations plus efficaces. En revanche, Harel a mis en garde que Netanyahu ne fait pas preuve de souplesse sur les différends persistants.
Perspectives sur la meilleure approche
Yuval Lemur, analyste des affaires militaires dans le quotidien Israel Hayom, a conclu que même si « d’énormes succès tactiques ont été enregistrés », Israël doit maintenir une campagne stratégique vigoureuse en évacuant les colons du nord. Il a prévu que tout progrès dans les négociations pourrait apaiser la situation dans d’autres régions, notamment le nord.
L’échec des négociations, en revanche, pourrait engendrer une intensification des tensions non seulement dans le nord, mais aussi en Judée-Samarie, tout en ouvrant un nouveau front avec d’autres acteurs comme l’Iran et les Houthis au Yémen.