Un questionnement récurrent se fait entendre ces derniers jours dans les coulisses de la politique et des services de renseignement régionaux et occidentaux, notamment avec l’intensification des massacres commis par Israël dans la bande de Gaza. Tout le monde attend avec impatience toute déclaration ou geste d’un responsable américain pour les interpréter, les analyser et en déchiffrer les implications, en particulier après le soutien américain ouvert militaire et politique à Tel Aviv.
En réponse à ces interrogations et inquiétudes, l’ancien ambassadeur américain à Damas, Robert Ford, affirme que « L’Amérique ne veut pas de guerre régionale ». Dans une interview à Al Jazeera, il déclare que son pays est occupé « à aider l’Ukraine et s’intéresse à la situation en Chine et spécifiquement en mer de Chine méridionale ». Il confirme également que jusqu’à présent, il n’y a pas de guerre régionale, « elle se limite à Gaza et à Israël ». Il souligne en même temps que l’Iran ne souhaite pas non plus de guerre régionale jusqu’à présent et que « les deux pays, les États-Unis et l’Iran, cherchent à dissuader l’autre de commencer une guerre régionale ».
Malgré les efforts américains et iraniens, la probabilité d’une escalade, impliquant les États-Unis et l’Iran, reste très possible, selon Ford. L’ancien ambassadeur a également abordé la situation intérieure en Israël, affirmant que le gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu est très divisé, avec des conflits entre ce dernier et les responsables de la sécurité israéliens, ainsi que des divisions politiques au sein de la Knesset israélienne. Il a conclu en déclarant que « l’administration Biden à Washington ne veut pas commencer une guerre avec l’Iran, le message américain à cet égard était très clair, ils répondront de manière équivalente aux attaques iraniennes ou aux attaques des milices iraniennes ».
La base 512 et les spéculations sur l’intervention militaire américaine dans la région
Ce qui a renforcé les discussions sur la possibilité d’une intervention militaire américaine dans la région, c’est ce que le site américain « The Intercept » a révélé sur l’existence d’une base militaire secrète américaine sur une montagne appelée « Hare Keren » dans le désert du Néguev, au sud d’Israël, affirmant que Washington l’agrandit actuellement en silence.
Le site précise que les documents gouvernementaux américains mentionnant la construction de cette base donnent des indications rares sur la présence militaire américaine près de la bande de Gaza (la montagne Hare Keren se trouve à environ 32 kilomètres de la frontière de Gaza).
En réponse à ce rapport, Glenn Carle, un ancien officier de l’Agence américaine de renseignement, explique qu’il existe plusieurs types de bases militaires, dont certaines sont connues de tous, tandis que d’autres sont qualifiées de « grises » (un terme signifiant qu’elles n’ont pas été largement discutées mais ne sont pas secrètes), et il y a aussi les « noires » (un terme qui suppose que c’est une installation secrète et non découverte).
Carle précise que la base 512, dont a fait mention « The Intercept », relève de la catégorie « grise » et il ne peut pas affirmer que cette base est impliquée dans la guerre israélienne contre Gaza. Il souligne que si l’Iran s’implique davantage directement dans le conflit, cela deviendrait catastrophique pour le monde, pas seulement pour Israël, l’Iran, Gaza ou le Hamas, et la guerre pourrait devenir mondiale. Carle explique que « les États-Unis ont été très clairs en envoyant leurs forces pour montrer qu’ils ne veulent pas que le conflit dépasse les atrocités qui se passent à Gaza ».