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À trois semaines du scrutin présidentiel américain, le programme économique de Donald Trump suscite de nombreuses interrogations. Axé sur une relocalisation de la production et des baisses d’impôts, ce projet se heurte toutefois à des enjeux complexes.
« Un pays bousillé sans les droits de douane »
Donald Trump affirme que l’instauration de droits de douane a pour but d’améliorer les recettes fiscales et de renforcer la position des États-Unis dans ses négociations commerciales, notamment avec la Chine. Lors d’un débat, il a déclaré : « Après 75 ans, les autres pays vont enfin nous rembourser tout ce que nous avons pu faire pour le monde ». Pour lui, les droits de douane sont des « mots qui vont rendre notre pays à nouveau riche ».
L’ex-président envisage d’augmenter les droits de douane sur les importations à 10 ou 20 % selon les produits, 60 % pour les importations chinoises, et jusqu’à 200 % sur celles en provenance du Mexique. Cet effort vise à financer l’extension de ses baisses d’impôts, instaurées précédemment, qui doivent expirer prochainement. Toutefois, des économistes expriment leurs inquiétudes quant à ces mesures.
Vers une hausse des prix dans les rayons ?
Selon la Tax Foundation, cette politique pourrait annuler les bénéfices des baisses d’impôts sans compenser les pertes de recettes pour l’État. Bernard Yaros, économiste chez Oxford Economics, craint que les droits de douane n’entraînent une hausse de l’inflation d’environ 0,6 point de pourcentage, surtout si leur application est rapide.
Les entreprises, confrontées à l’augmentation des prix des importations, pourraient transmettre cette hausse aux consommateurs. Kyle Handley, professeur d’économie, indique que des augmentations précédentes des droits de douane ont entraîné une hausse des prix de 2 à 4 % pour les importations. En 2019, des études ont estimé que ces droits avaient coûté environ 2,9 millions d’euros par mois aux consommateurs américains.
Déréguler l’énergie
Si les droits de douane souhaités par Trump sont appliqués, le commerce entre les États-Unis et la Chine pourrait diminuer de 70 %, entraînant une redirection des échanges. Les mesures instaurées en 2018 ont déjà provoqué un changement dans les exportations chinoises, ce qui a accru les pressions protectionnistes ailleurs.
Cette déréglementation pourrait particulièrement toucher le secteur électronique, avec une baisse de 10 % des échanges américains, orientés vers d’autres partenaires commerciaux, principalement en Amérique du Nord. De plus, une suppression des protections pour la Chine pourrait engendrer une hausse de l’inflation de 0,4 point de pourcentage.
Réduire l’importation des produits agricoles
Donald Trump s’est engagé à lutter contre l’inflation, un enjeu majeur pour les électeurs, en promettant de diviser par deux les factures d’énergie au cours de sa première année. Pour ce faire, il prône une dérégulation du secteur pétrolier et gazier.
Concernant l’alimentation, il souhaite diminuer les coûts en réduisant significativement les importations de produits agricoles. Cette mesure pourrait déclencher des représailles sur un secteur agricole américain fortement exportateur, suscitant ainsi des tensions commerciales.