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Le président centrafricain joue la carte du mystère avec le Soudan
Le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadéra, a récemment suscité l’interrogation en raison de ses relations avec le Soudan, plus précisément avec les Forces de soutien rapide. Un accord secret aurait été conclu entre la Centrafrique et ces forces, nouvellement indépendantes des Forces armées soudanaises depuis décembre 2022. Cette collaboration viserait à contrer la « Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique », un groupe rebelle actif dans la région. Cependant, les actions récentes de Touadéra suggèrent un changement de cap, notamment à travers ses rapprochements avec l’Algérie, qui tente de jouer un rôle de médiateur dans le conflit soudanais.
Un accord significatif avec les Forces de soutien rapide
D’après les informations rapportées par le site d’informations Mondafrique, la ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine, Sylvie Baïpo-Temon, s’est entretenue avec son homologue algérien, Ahmed Attaf, le 19 mai dernier. Cette rencontre a mis en lumière l’intérêt croissant de Bangui pour une coopération stratégique avec divers acteurs régionaux.
Selon les sources, le gouvernement centrafricain, représenté par son ministre de l’Élevage et de la Santé animale, Hassan Baba, aurait signé un accord avec les Forces de soutien rapide dans la ville frontalière d’Am-Dafok. Cette démarche semble s’inscrire dans une volonté de la RCA, appuyée par ces forces et le groupe Wagner, d’affaiblir les groupes armés hostiles au régime en place à Bangui.
Évolution des relations au fil du temps
En 2024, une évolution significative a été observée dans la position de Bangui vis-à-vis de la crise au Soudan. En février, le président Touadéra a personnellement rencontré des hauts responsables des services de renseignement soudanais, signalant un recentrage des intérêts diplomatiques de la RCA.
Dans ce contexte, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, également à la tête du Conseil de l’Union des nations arabes, cherche à tirer parti du mandat de l’Algérie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour promouvoir des initiatives de médiation et de paix entre les parties en conflit. Cette démarche a été facilitée par la récente rencontre entre Attaf et Baïpo-Temon.
Enjeux économiques et tensions croissantes
En parallèle, des tensions ont émergé concernant l’exploitation aurifère près de Gordil, au sein de la région de Vakaga. Les Forces de soutien rapide se seraient vu accorder des droits d’exploitation, renforçant ainsi leur position dans un contexte de conflit ouvert avec les forces armées soudanaises depuis avril 2023.
Des rapports indiquent que des milices russes opérant en Centrafrique ont transféré des armes au Soudan via la frontière nord du pays pour soutenir les Forces de soutien rapide dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de « Hemedti ». En réponse, les forces pro-Khartoum, sous le commandement de Nourredine Adam, perturbent les opérations des forces de Hemedti en Centrafrique.
Trafic illicite et lutte d’influence
Il est également révélé que des transporteurs soudanais en RCA sont liés à Abd al-Rahim Dagalo, le frère aîné de Hemedti, et participent activement au trafic de bétail volé du Soudan vers Bangui. Cette manipulation illégale de ressources génère d’importants profits pour la famille Dagalo et les Forces de soutien rapide, alors que le Trésor américain impose des sanctions sur les entreprises clés associées.
Cette situation complexe met en lumière les enjeux politiques et économiques entrelacés au sein de la région, où les intérêts nationaux et les alliances régionales s’entrechoquent, façonnant ainsi un paysage géopolitique en constante évolution.