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Le parlement gambien maintient l’interdiction de l’excision
Les législateurs gambiens ont voté pour maintenir une interdiction de 2015 sur les mutilations génitales féminines (MGF), rejetant un projet de loi controversé visant à annuler la loi, après des mois de débats houleux et de pressions internationales. Le projet de loi relatif aux droits des femmes (Amendement) 2024, qui visait à dépénaliser la pratique de la circoncision féminine, avait été adopté lors d’une deuxième lecture en mars, avec seulement cinq législateurs sur 53 votant contre, suscitant des inquiétudes parmi les groupes de défense des droits, craignant que la Gambie ne devienne le premier pays à annuler une interdiction sur la pratique.
Le projet de loi a profondément divisé l’opinion publique dans ce pays d’Afrique de l’Ouest à majorité musulmane.
Rejet du projet de loi par les législateurs
Le texte du projet de loi, présenté par le député Almameh Gibba, déclarait que la « circoncision féminine » est une pratique culturelle et religieuse profondément enracinée, mais les militants anti-MGF et les groupes de défense des droits internationaux ont affirmé qu’il s’agit d’une viol[ation nocive à l’encontre des femmes et des filles.](/features/2024/3/28/mothers-fight-to-protect-daughters-as-the-gambia-considers-unbanning-fgm)
L’interdiction historique de 2015 sur les MGF a rendu la pratique passible de jusqu’à trois ans de prison.
Les législateurs ont voté à nouveau lundi sur chacun des articles du projet de loi avant une troisième et dernière lecture prévue pour le 24 juillet, la majorité votant contre chaque clause.
Cela a incité le président de l’Assemblée nationale, Fabakary Tombong Jatta, à stopper la progression du projet de loi vers la lecture finale.
« L’Assemblée ne peut pas se livrer à un exercice aussi futile que de permettre au projet de loi de passer à une troisième lecture », a déclaré Jatta après les votes.
Conséquences de la décision
Des bruits de tables battues étaient audibles dans la chambre parlementaire bondée alors que les députés rejetaient chacune des quatre clauses.
L’Organisation mondiale de la santé affirme que les MGF n’ont aucun avantage pour la santé et peuvent entraîner des saignements excessifs, un choc, des problèmes psychologiques et même la mort.
Les MGF consistent en l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins ou en toute autre blessure aux organes génitaux féminins, et peuvent entraîner de graves problèmes de santé, notamment des infections, des saignements, de l’infertilité et des complications lors de l’accouchement.
La Gambie fait partie des 10 pays ayant les taux les plus élevés de MGF, avec 73 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ayant subi la procédure, selon les chiffres de l’UNICEF de 2024.
Un rapport de l’ONU datant de mars a indiqué que plus de 230 millions de filles et de femmes dans le monde entier sont des survivantes de cette pratique.