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Le Livre Rouge, la Constitution secrète de la Turquie
Dans les coulisses de la politique turque, le Livre Rouge, également connu sous le nom de « Constitution secrète », constitue un élément central dans l’élaboration des stratégies de défense du pays. Ce document préparé avec soin par le Conseil de sécurité nationale turc, de la taille d’une constitution et enveloppé dans une couverture rouge, analyse en profondeur les menaces auxquelles la Turquie est confrontée, qu’elles soient internes ou externes, mettant particulièrement l’accent sur les mesures de lutte contre le terrorisme.
Au cœur du processus législatif turc, ce document joue un rôle crucial, similaire à l’épée de Damoclès suspendue au-dessus des décideurs, en tant qu’outil dissuasif empêchant l’adoption de lois ou de décrets contraires aux principes de politique nationale énoncés dans le document.
L’histoire du Livre Rouge, pilier des stratégies de sécurité nationale turques, remonte aux premiers jours du Conseil de sécurité national en 1961. Alparslan Türkeş, fondateur du Parti du mouvement national et représentant de la Turquie au sein de l’OTAN, a été le premier à mettre en lumière ce document essentiel. Il a dévoilé un document de 10 à 15 pages relié d’une couverture en cuir rouge, alors connu sous le nom de « Principes de la politique de sécurité nationale », déclarant à l’époque: « L’État a un Livre Rouge », soulignant ainsi le rôle central de ce document dans l’élaboration de la politique de sécurité de la Turquie.
La Sécurité et l’Impact Politique
Le Livre de politique de sécurité nationale en Turquie est un élément crucial d’une importance capitale dans la structure législative du pays, obligeant chaque nouveau Parlement à agir selon ses exigences sans marge de neutralité ou de modification, empêchant ainsi toute tentative d’adoption de lois ou de prises de décision contraires à ses orientations.
Cependant, malgré ce rôle essentiel, les détails de ce document restent confidentiels, même pour les membres du Parlement, en raison de leur classification en tant qu’informations « hautement confidentielles ». Cette dynamique complexe place les décideurs dans une position extrêmement rigoureuse, leur demandant de respecter des directives qu’ils n’ont même pas le droit d’examiner ou de discuter.
L’échange du Livre se fait dans le cadre d’une grande discrétion et vigilance sécuritaire, le président sortant le remettant au nouveau président dans le cadre des procédures de transfert de pouvoir, tandis que les services de renseignement turcs sont chargés de transférer en toute sécurité le document aux conseillers concernés.
Les Changements dans les Menaces Répertoriées et les Orientations Politiques
Le secret entoure le contenu du Livre Rouge en ce qui concerne les menaces internes et externes, les informations étant difficilement accessibles sauf de manière limitée à travers les données publiées après les réunions périodiques du Conseil de sécurité nationale turc, ou par le biais de fuites médiatiques rares.
Cependant, en ce qui concerne les menaces internes, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a réussi à reformuler les orientations du Livre Rouge concernant les groupes islamiques, précédemment considérés comme une menace interne, en redirigeant l’attention vers les groupes terroristes qui abusent de la religion pour déstabiliser l’État.
Indicateur Politique
Le gouvernement turc a invoqué le Livre Rouge pour répondre aux accusations portées contre le président Erdoğan sur la transformation de la Turquie en un régime dirigé par un seul homme. Dans ce contexte, le vice-président Güldemir Yılmaz a déclaré que le Livre Rouge témoigne de l’engagement de l’administration envers les procédures prévues, et la prise de toutes les mesures nécessaires pour les consultations requises, reflet d’une architecture de gouvernance institutionnelle plutôt que de la focalisation sur le pouvoir individuel.