252
## "Le jeu des discours : Israël imagine-t-il des scénarios de guerre à Gaza ?"
Face à l'écart considérable entre la perception israélienne de la guerre contre Gaza et celle du monde, les dirigeants d'Israël ont eu recours à des discours différents lorsqu'ils s'adressent aux publics locaux et internationaux, concernant les scénarios de guerre qui se poursuivent depuis 3 mois sans atteindre aucun des objectifs fixés par le gouvernement israélien.
Selon le "New York Times" américain, "les responsables israéliens ont commencé à informer les médias internationaux que l'armée israélienne passe à des opérations militaires moins intenses, en particulier dans le nord de Gaza, au milieu des préoccupations internationales quant à l'ampleur de la destruction et les pertes civiles".
En revanche, le leadership israélien cherche à rassurer l'opinion publique israélienne, en assurant qu'il s'engage dans une guerre prolongée à Gaza pour éliminer la résistance palestinienne dirigée par le Hamas, même si ses tactiques militaires changent.
Les analystes conseillent que ces messages ne sont pas contradictoires, mais qu'ils reflètent les efforts du gouvernement israélien pour apaiser l'opinion publique internationale à court terme, afin de réaliser ses objectifs à long terme.
À l'intérieur du pays, le gouvernement doit répondre aux Israéliens choqués par l'attaque de Tel Aviv le 7 octobre dernier, qui veulent toujours que le gouvernement tienne sa promesse d'en finir avec la domination du Hamas sur Gaza, selon le journal américain.
Les analystes estiment qu'Israël doit maintenir un certain niveau de légitimité internationale, notamment si elle souhaite préserver le soutien de son principal allié, les États-Unis. Hier mardi, le Secrétaire d'État américain Anthony Blinken a visité Tel Aviv, au milieu de pressions croissantes sur l'administration du président américain Joe Biden pour qu'elle pousse à un cessez-le-feu à Gaza.
Le journal américain considère que les choses seront plus difficiles demain jeudi, lorsque la Cour internationale de justice écoutera les accusations portées par l'Afrique du Sud contre Israël pour génocide contre les Palestiniens. L'audience pourrait amener la Cour à ordonner à Tel Aviv de mettre fin à son opération militaire, un geste symbolique que l'Israël pourrait ignorer, mais cela n'apporterait que plus de dommages à sa réputation.
L'ancien consul général israélien à New York, Alon Pinkas, dit qu'avec tous ces éléments combinés, Israël veut montrer une image qui dit "ok, nous avons écouté les critiques, nous prenons note et intégrons".
Quant au courant dominant en Israël, Pinkas affirme qu'il ne veut pas entendre que la guerre pourrait être proche de sa fin, tandis que le Hamas reste actif dans la plupart des régions de Gaza.
Le double discours israélien était peut-être le plus évident lundi dernier, quand le porte-parole de l'armée d'occupation israélienne, Daniel Haggari, a déclaré au New York Times que la guerre était entrée dans une nouvelle phase, avec le retrait des troupes israéliennes et une concentration sur le sud de la bande de Gaza, et la diminution du nombre de frappes aériennes.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré au Wall Street Journal qu'Israël passerait bientôt de la "manœuvre intensive" à "différents types d'opérations spéciales".
Depuis le 7 octobre 2023, l'armée israélienne a lancé une agression contre Gaza qui a fait des dizaines de milliers de martyrs et de blessés, la plupart d'entre eux des enfants et des femmes, et a provoqué une destruction colossale de l'infrastructure et une catastrophe humanitaire sans précédent, selon les autorités du secteur et l'ONU.