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Le dernier attrait de l’Occident

par Sara
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Le dernier attrait de l'Occident

Le charme et l’attrait de l’Occident ont disparu sans que nous nous en rendions compte, sans identité ni cause

L’Occident, un concept aux multiples facettes, englobe la région géographique où s’est développée la civilisation occidentale, ainsi que les valeurs sur lesquelles cette civilisation s’est construite. Il désigne également la politique menée par les pays occidentaux, et était autrefois assimilé à ce que le premier président de la République populaire de Chine, Sun Yat-sen, appelait « l’homme blanc… ». Cependant, la notion d’Occident a évolué au fil du temps et a été redéfinie par le « dernier ».

Ainsi, au XVIIIe siècle, il symbolisait les Lumières et la raison, s’opposant ainsi aux traditions et à ce qui était appelé obscurantisme. Au XIXe siècle, pendant la période coloniale, il représentait « la mission civilisatrice ».

Plus tard, il devint le symbole du « monde libre » contre le fascisme et le nazisme, associé à la démocratie et au marché face au communisme. Il est devenu une finalité absolue, une référence universelle pour tous les temps et tous les lieux, lorsque toute opposition potentielle a été éliminée, selon l’affirmation de Francis Fukuyama.

Selon la vision messianique qui a prévalu après la chute du mur de Berlin, le reste du monde devait adopter les valeurs de l’Occident, portées par les États-Unis, et suivre son exemple.

Mais après les événements du 11 septembre, un nouvel œil redéfinissait la définition, il s’agissait du terrorisme, ou plus précisément du fascisme islamique, apparent contre l’islam, contrairement à ce que certains politiciens et commentateurs avaient déclaré ouvertement.

Au sein des élites intellectuelles et politiques, il y avait la conviction selon laquelle une « réconciliation » ou une convergence des deux rives était possible, selon l’expression de Jacques Berque, mais cette réconciliation et cette convergence n’ont pas eu lieu en raison de rendez-vous manqués. Pendant la période coloniale, en raison de l’arrogance, et après en raison de la fragmentation et de l’ingérence.

Aujourd’hui, nous assistons une fois de plus à un rendez-vous manqué avec le massacre de Gaza, dans un silence troublant de la part des dirigeants occidentaux, et dans une complicité flagrante des États-Unis, qui n’ont fixé aucune ligne rouge à Israël. La Grande-Bretagne s’est rendue coupable d’un crime honteux, la France d’un double langage, et les politiciens occidentaux et les commentateurs rejettent les « barbares », tout en se montrant scandaleusement cruels envers ceux qui défendent le droit et s’opposent au génocide d’un peuple.

Je me souviens ici des écrits du dirigeant historique algérien Houari Boumediene, après la deuxième guerre du Golfe, dans un article publié dans Le Monde le 10 mars 1991, dans lequel il critiquait l’Occident pour ses positions discriminatoires et ses doubles mesures, citant cet événement qui n’était pas seulement un rendez-vous manqué, mais une blessure dans l’histoire des deux rives, lorsque les autorités françaises ont massacré des manifestants à Sétif et Guelma le 8 mai 1945, pendant que les Alliés célébraient la victoire. Bu medien n’a pas appelé au rappel, et il n’était pas un point de vue islamique.

Comment pouvons-nous convaincre la nouvelle génération de l’universalité des valeurs occidentales, telles que la Renaissance occidentale, la philosophie des Lumières, les valeurs de liberté, d’égalité et de justice ? Les élites ont découvert à cette occasion que la liberté « se dissipe » dans le Nord et qu’elle est « interdite » dans le Sud.

Aujourd’hui, que voyons-nous ? Une absence de discernement chez les Occidentaux. Des victimes sont perçues comme des êtres humains, suscitant compassion et sympathie, tandis que d’autres sont minimisées dans leur situation humanitaire, ignorant leur statut civique.

Le fait qu’ils soient des femmes, des enfants ou des personnes âgées ne plaide pas en leur faveur, et leur nombre de victimes est mis en doute implicitement, les considérant comme « dommages collatéraux », pour reprendre le terme utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Golfe.

La vérité est assassinée à leur sujet, ils sont assassinés deux fois, comme le prétend celles et ceux qui prétendent que celui qui a bombardé l’hôpital Al-Maamouni était sa propre victime, pour laver les mains du criminel. On se moque de leurs vies lorsqu’on exprime des condoléances d’un côté et qu’on refuse même de demander l’arrêt des exécutions au nom du « droit à la réplique » et de la légitime défense. Et un silence glacial règne chez les intellectuels occidentaux, un mépris pour l’intelligence et le sens des choses qui dénonce ceux qui osent parler de vérité et s’élever contre le génocide d’un peuple.

Je rappelle ici les mots de Frantz Fanon dans son livre « Les damnés de la terre », qui a façonné l’imagination de ma génération sur les bancs de l’université, sur la double nature de l’Occident, ou selon ses dires de l’Europe (ou de l’Occident) qui parle des droits de l’homme et les bafoue à la première occasion.

Nous avons presque oublié cette réalité au nom des échecs à répétition et du réalisme, mais pouvons-nous nous permettre d’être oublieux ou d’oublier? N’est-ce pas l’Amérique qui a proclamé les droits de l’homme en Irak et qui viole les droits de l’homme à Abou Ghraib et ailleurs ? N’est-ce pas elle qui couvre, voire même attire l’attention sur les crimes commis contre les civils, les femmes, les enfants, les journalistes et les familles de journalistes à Gaza et en Cisjordanie ? Qui refuse la paix ? Mais la paix d’un seul point de vue, ou par imposition de l’humiliation.

C’est une recette pour mille guerres par mille mondes, même si elles sont entrecoupées de trêves ou de périodes de calme. Ce que l’Occident ou les États-Unis ont tenté de porter, c’était un dictat au nom d’un « monde prospère », en tant que médiateur impartial, en échange de la terre contre la paix, au nom de ce qu’ils ont annoncé en Irak, et des accords d’Abraham. La réalité est plus convaincante que les livres. Mais ce n’est pas suffisant de blâmer les autres et de s’émerveiller de ce que nos mains ont gagné.

Entre la naïveté de certains porteurs de points de vue et l’accommodement de certains d’entre eux qui ont exagéré dans leur adhésion au criminel. Nous sommes confrontés à un phénomène inquiétant d’élites entrées, sans identité, en tant que produits de laboratoires médiatiques et idéologiques. Des élites fabriquées dans des laboratoires, où les médias soufflent et où les prix sont décernés pour exprimer le « sentiment ». Nous devons tout reconsidérer.

L’autre, et son appel à l ‘ « universalité », et nous-mêmes, et ceux que l’on considère comme des « consciences vivantes », qui sont des créatures de laboratoire en réalité. L’Occident a perdu son charme ou son attrait. Il ne voulait de nous ni d’identité ni de cause. Juste un marché pour ses produits et ses idées, avec des courtiers et des agents, le résultat d’une production de laboratoire. C’est maintenant que nous avons récolté ce que nous avons semé.

À cause de la naïveté de certains porteurs de points de vue et de la complaisance de certains d’entre eux qui se sont laissés aller à la collaboration avec le criminel. Nous sommes confrontés à un phénomène inquiétant d’élites entrées, sans identité, en tant que produits de laboratoires médiatiques et idéologiques.

De prochaines étapes pourraient inclure des sanctions économiques et politiques de la part de pays et organisations influents, ou une transition vers une nouvelle ère de relations internationales et un nouvel ordre mondial. La question reste de savoir si l’Occident peut maintenir son « attrait » à l’avenir, selon l’expression de l’écrivain français André Malraux.

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