Le Café des Vagabonds, l’épicentre intellectuel de Jérusalem
Café des Vagabonds à Jérusalem : berceau de la pensée et refuge pour intellectuels.
Localisation
Le Café des Vagabonds est situé près de la Porte de Jaffa, à proximité du mur ouest de Jérusalem.
Appellation
Le café a été connu sous divers noms : Café du Mokhtar, Café Al-Tabba, Café Abou Michel. Cependant, le nom le plus célèbre reste « Café des Vagabonds », en raison de ses habitués qui se faisaient appeler « Parti des Vagabonds ».
Fondation
Les premiers cafés de Jérusalem remontent au XVIe siècle selon les archives du tribunal islamique de Jérusalem. Le Café des Vagabonds a été inauguré en 1918 par Issa Michel Al-Tabba, chef de la communauté grecque orthodoxe, concurrent avec l’annonce de la nouvelle constitution ottomane qui favorisait la décentralisation et promettait une autonomie arabe, influençant ainsi la vie sociale en Palestine.
Le café a été établi à l’emplacement d’une banque fermée par les autorités britanniques.
Début
Initialement, le café était une halte pour les pèlerins orthodoxes venant de Grèce, de Chypre, et de Russie pour célébrer Pâques. Il servait également de centre d’assistance et de consultation pour la communauté orthodoxe de la vieille ville.
Issa Michel Al-Tabba, directeur de l’imprimerie du Monastère orthodoxe grec, a profité de ses relations avec les littérateurs et les politiciens pour donner au café une dimension sociale et culturelle. Le café accueillait également les invités de l’écrivain Khalil al-Sakakini. Les cafés étaient devenus une alternative aux tavernes, ayant des séances sans alcool, attirant ainsi un large public.
Les Habitués
Le café attirait de nombreux intellectuels de Jérusalem, de Palestine et des pays arabes. En 1921, le « Parti des Vagabonds » a été fondé par Khalil al-Sakakini, Michel Issa Al-Tabba, Adel Jaber, Issa al-Issa (fondateur du journal Palestine), Dawood al-Issa (rédacteur du journal Palestine), Is’haq Moussa al-Husseini, et Nakleh Zureik. Des personnalités extérieures à Jérusalem, comme Ahmed Zaki Pasha et Khalil Mutran, ont rejoint ce groupe, augmentant ainsi la popularité du café.
Le café était également fréquenté par des figures du mouvement national palestinien, qui se réunissaient pour élaborer des stratégies contre l’occupation britannique. Les autorités britanniques surveillaient ces rassemblements de près, mais les fidèles usagers dissimulaient leurs plans sous les soucoupes de café servies aux clients.
Activités Culturelles
Le café organisait des débats hebdomadaires littéraires, intellectuels, culturels et politiques, réunissant de nombreuses personnalités palestiniennes et arabes.
Grâce à sa notoriété, il servait également de point de contact pour les correspondances entre les intellectuels arabes et leurs homologues palestiniens. Les pèlerins apportaient des journaux, des magazines et des livres, ainsi que des nouvelles des intellectuels des villes d’où ils venaient.
Architecture
Le café, installé dans une vieille maison voûtée, présentait une façade en harmonie avec le mur attenant. Sa cour arrière abritait une fontaine, ainsi que de nombreuses cages d’oiseaux, des pigeons voyageurs, des poules indiennes et des oiseaux domestiques.
Fermeture du Café
La date exacte de la fermeture du Café des Vagabonds reste inconnue. Les sources indiquent que le café n’a pas tenu longtemps sous l’occupation britannique, suivant le même sort que d’autres cafés culturels de Jérusalem et de Palestine.