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# La victoire de Modi déçoit en France
La presse française a suivi avec beaucoup d’intérêt les élections en Inde, avec trois journaux s’accordant à dire que la victoire du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata, dirigé par le Premier ministre actuel Narendra Modi, a été une déception et représente un revers relatif, soulignant les défis que devra relever le prochain gouvernement. Les titres des journaux étaient proches, avec La Croix décrivant un « triomphe amer », Libération parlant d’une « victoire au goût de défaite », et Le Figaro choisissant « La victoire qui a déçu Narendra Modi », en référence à la faible majorité parlementaire obtenue par son alliance.
Un grand intérêt français pour les élections indiennes
![Un étudiant en art déguisé en machine à voter électronique (EVM) déambule dans une rue pour encourager les gens à voter aux prochaines élections générales en Inde, à Mumbai, le 17 avril 2024. (Photo par Indranil Mukherjee / AFP)](https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/04/111-1713364632.jpg?w=770&resize=770%2C513)
La Croix a souligné que le leader indien n’a pas créé la vague électorale attendue, même s’il était proche de remporter un troisième mandat consécutif. De plus, le slogan de son parti nationaliste hindou, qui a obtenu des résultats relativement modestes, commence à perdre de son attrait lors de la plus grande élection organisée sur la planète.
Libération a noté que le parti de Narendra Modi est arrivé en tête, mais n’a pas obtenu la majorité absolue qu’il détenait depuis dix ans. Il devra donc compter sur plusieurs partis régionaux pour gouverner, ce qui représente un revers relatif et annonce des défis considérables pour le prochain gouvernement, selon Le Figaro.
Un goût amer de la victoire
Bien que le Bharatiya Janata Party ait fait de son mieux pour mobiliser les électeurs hindous du nord du pays, les nationalistes hindous ont commencé à perdre du terrain dans leur bastion de la langue hindi en Inde du Nord, malgré l’ouverture tant attendue du temple de Ram dans cette région. Le Premier ministre a inauguré ce temple pour souligner l’importance religieuse et a mené une campagne aux connotations anti-islam, cherchant à effrayer sa base électorale en affirmant que la victoire de l’opposition signifierait le vol de l’or hindou par des « intrus » et « ceux qui ont beaucoup d’enfants », terminologie souvent utilisée par son parti pour désigner la minorité musulmane.
Un discours de plus en plus critique
Le parti de Modi a également diffusé sur les réseaux sociaux des caricatures écœurantes, selon Libération, montrant le leader du Congrès, Rahul Gandhi, conspirer avec les musulmans pour retirer tous les avantages sociaux aux classes inférieures hindoues en les jetant à la mer.
Bien que le Bharatiya Janata Party et son alliance visaient 400 sièges sur 543 à la Chambre des représentants pour faciliter les réformes constitutionnelles, ils ont échoué à atteindre cet objectif. Selon le politologue Gilles Verniers cité par Libération, « c’est un véritable désaveu pour Narendra Modi, car toute la campagne a été menée en son nom, et il doit donc assumer la responsabilité de cette performance médiocre ». La Croix a observé que des vents de changement soufflent doucement sur l’Inde, indiquant que l’opposition, malgré sa défaite, se sent revitalisée. Au siège du Congrès dirigé par Rahul Gandhi, les partisans ont applaudi à l’annonce des résultats. Le président du Congrès, Mallikarjun Kharge, a déclaré : « Ce n’est pas seulement notre victoire, mais celle du peuple. C’est un jour glorieux pour la démocratie ».
Une opposition revitalisée
Le Figaro a rapporté que l’alliance indienne – qui regroupe plus de 230 parlementaires, incluant le Congrès et plusieurs groupes régionaux – constitue la grande surprise de ces élections législatives, remportant environ 100 circonscriptions, soit le double par rapport à il y a cinq ans. Selon les observateurs, de nombreux électeurs ont tourné le dos à la polarisation religieuse au profit de préoccupations liées à leur vie quotidienne, faisant de ces élections un retour aux questions plus traditionnelles, selon La Croix, et mettant en lumière les inégalités résultant de la politique économique du gouvernement. Le Figaro a conclu en affirmant que le verdict des élections montre qu’une partie de la population demande autre chose que ce que la campagne du Bharatiya Janata Party a proposé. Les électeurs veulent des emplois stables et une croissance économique mieux répartie entre les villes et les campagnes, ainsi qu’entre les classes supérieures et les travailleurs.