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# La Russie inonde l’Europe de désinformation pour cibler les USA
Selon un article du Washington Post, des observateurs européens spécialisés dans la détection de la désinformation ont remarqué en 2022 une campagne en ligne ambitieuse visant à manipuler les électeurs, appelée « Doppelgänger », un terme allemand signifiant « double » ou « sosie ». Lee Hockstader, analyste politique des affaires européennes, détaille dans son article que Moscou a cloné des sites de journaux, de magazines et de services d’information autorisés, dont le Guardian britannique et le Bild allemand, pour en créer des copies exactes sous des noms de domaine similaires, remplis de propagande pro-Kremlin.
Une campagne de désinformation sophistiquée
Hockstader explique que cette campagne n’est pas étonnante, compte-tenu des efforts constants de la Russie pour influencer l’opinion publique occidentale. Cependant, ce qui est plus surprenant, c’est que deux ans après leur découverte, ces faux sites « Doppelgänger » continuent d’apparaître soudainement sur Internet, malgré les efforts continus pour les fermer. Moscou persiste à cloner les médias occidentaux, révélant l’ampleur des interventions russes, presque impossibles à détecter, encore moins à stopper, avant les élections au Parlement européen le mois prochain.
Des efforts non surprenants mais persistants
Cette persistance est également un avertissement pour ce qui pourrait se produire lors des élections présidentielles américaines en novembre, où Moscou tentera d’exacerber les débats tumultueux qui caractérisent la politique américaine, selon l’article. Hockstader note que les réseaux sociaux permettent la diffusion rapide et quasi-gratuite de la désinformation et de la propagande. De plus, l’intelligence artificielle générative a réduit les coûts de production de ces informations à l’approche des élections législatives de l’Union Européenne, prévues entre le 6 et le 9 juin, où près de 200 millions d’électeurs de 27 pays membres devraient voter.
Conséquences attendues pour les élections américaines
Des exemples concrets montrent l’étendue de ces manipulations. Un faux site web se faisant passer pour le ministère de la Défense français a annoncé la nécessité de 200 000 soldats français pour servir en Ukraine. Un journaliste allemand bien connu, expert des affaires russes et présumé sympathisant de Moscou, a reçu plus de 600 000 dollars d’un milliardaire russe proche du Kremlin. Les autorités belges, polonaises et tchèques affirment avoir trouvé des preuves de pots-de-vin offerts en secret par le Kremlin à des parlementaires européens.
Exemples de désinformation
Bien que les élections présidentielles américaines précédentes aient été marquées par des interférences russes, Hockstader affirme que cette année, la guerre en Ukraine a intensifié les enjeux pour Vladimir Poutine. Les gains potentiels en termes de détérioration du soutien occidental à Kiev sont considérables. L’article indique que les responsables de l’Union européenne ont ouvert des enquêtes sur les services de Facebook et d’Instagram, en plus de l’enquête en cours sur « X » (anciennement Twitter), suspectés de ne pas avoir respecté leurs engagements de contenir la propagation des mensonges et des manipulations. Alexandre Alaphilippe, directeur exécutif du « Laboratoire d’Informatique Européen », qui a révélé l’existence de Doppelgänger, a indiqué que la campagne de désinformation est toujours en cours, malgré sa découverte. La question, selon Alaphilippe, n’est pas de savoir si la Russie gagne la guerre de la propagande en Europe, mais si l’Europe peut protéger sa démocratie. Si la réponse est non, ce qui semble probable selon Hockstader, la situation pourrait être encore plus sombre ailleurs, notamment aux États-Unis, où la politique dysfonctionnelle et les garanties du premier amendement rendent la surveillance des nuisances russes plus difficile.
Des enjeux plus élevés