Les Forces Israéliennes se Retirent de Gaza : Menace d’une Troisième Intifada
JÉRUSALEM OCCUPÉE – Alors que le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant maintient que le combat à Khan Younès ne cessera que lorsque les prisonniers détenus par la résistance seront libérés et les principaux leaders du mouvement de résistance islamique « Hamas » éliminés, l’armée israélienne a annoncé hier soir le transfert de l’unité « Duvdevan » de la bande de Gaza à la Cisjordanie, anticipant l’éclatement d’une « troisième intifada » et retirant la 36e brigade de Gaza, tout en maintenant trois brigades militaires complètes dans la région.
Cette démarche de l’armée israélienne intervient à un moment où le débat politique se poursuit sur la troisième phase de la pénétration terrestre dans la bande, avec une transition des opérations militaires étendues et des bombardements intensifs vers des opérations de précision et une réduction de l’intensité des combats.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Hertzi Halevi, a mis en garde, lors de récentes délibérations avec les politiques, contre « l’érosion des réussites militaires pendant l’incursion terrestre à Gaza, en l’absence d’une stratégie politique claire du gouvernement israélien pour l’après-guerre ». Ses inquiétudes, rapportées par la chaîne 13 israélienne, concernent le risque que le Hamas puisse se réorganiser dans les zones nord de la région, récemment occupées par l’armée israélienne.
La 36e brigade retirée comprend le bataillon « Golani », le bataillon 188 et le septième bataillon d’armement et d’artillerie (Armée israélienne).
Mobilisation au sein de l’armée
Les avertissements et évaluations de Halevi surviennent alors que les voix s’élèvent dans les institutions de sécurité et militaires israéliennes, alertant sur le danger d’une insurrection armée en Cisjordanie, au milieu de la montée des tensions sécuritaires dans la région. L’armée israélienne se prépare à un scénario de confrontation globale sur la frontière nord avec le Hezbollah.
L’institution sécuritaire israélienne a récemment clarifié au niveau politique que la gestion des relations avec l’Autorité Palestinienne, l’arrêt de l’entrée des ouvriers en Israël et la décision du ministre des Finances Bezalel Smotrich de refuser de transférer les taxes à l’Autorité pourraient exacerber la situation bouillante en Cisjordanie et alerter d’intensification du conflit et d’éclatement de vastes affrontements.
Ainsi, l’armée israélienne a retiré les soldats de l’unité « Duvdevan » du secteur et les a transférés en Cisjordanie, en raison des tensions sécuritaires croissantes dans la région et des mises en garde contre la possibilité d’un soulèvement armé. Cependant, ce retrait de l’unité de la bande est également perçu comme l’abandon d’une force majeure dans la lutte à Gaza.
Le correspondant militaire du journal « Haaretz », Yaniv Kubovich, pense que le transfert de l’unité « Duvdevan » à la Cisjordanie souligne la gravité des avertissements d’une troisième intifada.
Crainte d’une confrontation totale
Le correspondant militaire du site Web « Walla », Amir Bohbot, a rapporté que l’armée israélienne a retiré tous les éléments de la 36e brigade, y compris le bataillon « Golani », le bataillon 188 et le septième bataillon d’armement et d’artillerie, afin de préserver leur efficacité face aux menaces sur le front nord avec le Liban.
Il indique que ce retrait fait suite à l’évaluation de l’armée israélienne de la situation de combat sur différents fronts. Ce mouvement a pour but de permettre aux troupes de se reposer et de se régénérer et de commencer des entraînements pour maintenir leur efficacité avant de déterminer où les forces de la brigade seront redéployées.
Bohbot estime que l’armée israélienne maintiendra la préparation des forces de la 36e brigade, n’excluant pas la possibilité de les déployer sur le front nord avec le Liban, étant donné l’escalade des tensions et des combats avec le Hezbollah et en prévision d’une confrontation totale.
L’armée israélienne a retiré les soldats de l’unité « Duvdevan » du secteur par crainte d’un soulèvement armé en Cisjordanie (Armée israélienne).
Une réalité incertaine
Dans son analyse du retrait de davantage de forces de Gaza, le directeur du Forum des Études Palestiniennes au Centre Moshe Dayan de l’Université de Tel Aviv, le Dr Michaël Milstein, considère qu' »Israël est à un carrefour, devant choisir entre deux voies contradictoires, affaiblir le régime du Hamas ou récupérer les Israéliens détenus dans la bande ».
Dans sa perspective publiée par le journal « Yedioth Ahronoth », après plus de trois mois de guerre, il note « une détermination du public israélien à poursuivre le combat, mais aussi une inquiétude croissante face au fait que les principaux objectifs de la guerre n’ont pas été atteints, à savoir l’éviction du Hamas et le retour des Israéliens détenus à leurs foyers ».
En conséquence, selon Milstein, « une réalité incertaine se développe progressivement, accompagnée d’une vision politique et militaire floue pour la majorité du public, pouvant mener à une catastrophe, avec la possibilité de dégénérer en une guerre d’usure continue où le Hamas pourrait être victorieux, ce qui entraînerait désespoir et confusion croissante parmi les Israéliens, creusant l’écart entre les objectifs de la guerre et la réalité effective ».
Il ajoute que « un regard direct sur la réalité est également nécessaire dans le contexte du front nord qui, pour l’instant du moins, reste secondaire. Les chances de démanteler les forces du Hezbollah dans le sud du Liban conformément à la résolution 1701 sont loin d’être claires et présage d’une éventuelle instabilité à long terme ».