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La migration est un phénomène complexe et multiforme qui a marqué l’histoire de l’humanité. Lors d’un forum avec des organisations non gouvernementales travaillant avec des migrants, un intervenant a exprimé une vérité essentielle : **la migration n’est pas un problème, mais un phénomène**. Cette idée incite à réfléchir sur la manière dont la migration est souvent perçue et discutée dans les discours politiques et sociaux.
Une constante historique
À travers l’histoire, la migration a engendré des changements significatifs dans les sociétés. Les conséquences des mouvements de population varient selon les perspectives adoptées. Par exemple, les migrations européennes vers les Amériques ont eu des impacts divergents des deux côtés de l’océan.
Chaque parcours migratoire est unique, influencé par des facteurs tels que la destination, les ressources et les raisons de départ. En dépit de ces différences, un point commun émerge : la quête d’une vie meilleure, parfois même la nécessité de survie.
La perception de la migration
Le discours autour de la migration est souvent teinté d’une perception négative. Dans un récent épisode du podcast **A fondo avec María Jimena Duzán**, il a été question de la façon dont le discours politique et social a façonné la vision de la migration, notamment en Colombie, face à l’afflux de migrants vénézuéliens. Ce discours dépeint souvent la migration comme une menace, une tactique qui s’alimente du peur et du besoin de sécurité.
L’instrumentalisation du discours
Michel Foucault, dans ses travaux sur la biopolitique, décrit comment les États utilisent des discours de sécurité pour contrôler les populations. La migration devient alors une cible facile pour ces stratégies de pouvoir. Comme l’explique Laura Jiménez, directrice du Baromètre en Colombie, ce mécanisme crée un « exogrupo », désignant ceux qui ne font pas partie de notre communauté.
Cette perception négative est souvent alimentée par des préjugés, des expériences personnelles et des récits médiatiques. Les médias jouent un rôle crucial dans la construction de ces imaginaires collectifs, consolidant l’idée que les migrants représentent une menace.
Contrôle social et migration
Tara Zahra, historienne spécialisée dans la migration, souligne comment la peur des migrants a été utilisée historiquement pour justifier des politiques de contrôle social et des mesures restrictives. En Europe, le discours sur la migration sert à renforcer la sécurité nationale, une tendance accentuée par des événements comme les attentats du 11 septembre qui ont lié migration et terrorisme.
Ulrich Beck et Jef Huysmans ont également dénoncé comment des menaces globales, telles que le terrorisme, ont été exploitées pour instiller un sentiment constant d’insécurité, plaçant la migration au cœur de ce discours sécuritaire.
La migration dans le discours politique
Le discours politique, notamment celui des partis d’extrême droite, utilise la peur de la migration comme un levier puissant pour mobiliser l’opinion publique et gagner des voix. Ces partis présentent les migrants, souvent issus de cultures ou de religions différentes, comme des envahisseurs qui menacent le bien-être de la société.
La criminalisation de la migration est une autre stratégie. En Espagne, par exemple, il a été suggéré que les crimes de violence de genre et les agressions sexuelles seraient majoritairement commis par des migrants, occultant le fait que la plupart des agresseurs sont des nationaux. Ce discours alimente la xénophobie et justifie des politiques de défense de l’identité nationale.
Vers une nouvelle compréhension de la migration
Il est crucial de reconfigurer le discours public sur la migration, de la reconnaître comme une constante historique et de la traiter comme un processus qui peut enrichir les sociétés. Ce n’est pas la peur qui devrait guider les politiques migratoires, mais la compréhension et le respect de la dignité humaine.
En adoptant cette approche, nous pouvons aspirer à des sociétés plus inclusives et équitables, capables de tirer parti du potentiel transformateur inhérent à la migration.