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La France lutte depuis des décennies contre le narcotrafic, avec une stratégie répressive en place depuis près de cinquante ans. Malgré des résultats peu satisfaisants et un niveau de consommation de cannabis parmi les plus élevés d’Europe, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a récemment renforcé cette approche en la déclarant « cause nationale ».
Une stratégie répressive inchangée
Depuis la loi du 31 décembre 1970, qui a instauré la prohibition de l’usage des stupéfiants, la France n’a pas modifié son approche face à la drogue. Bruno Retailleau, depuis sa nomination, multiplie les déclarations sur la nécessité de responsabiliser les consommateurs. Lors d’une intervention au Sénat, il a déclaré : « Il n’y a pas d’offre quand il n’y a pas de demande. » Il insiste sur le fait que derrière chaque consommation se cachent des trafiquants et des criminels.
Augmentation des amendes forfaitaires délictuelles
Pour contrer le phénomène, le ministre projette d’augmenter et de multiplier les amendes forfaitaires délictuelles (AFD) pour usage de stupéfiants, mises en place en septembre 2020. Ces amendes, fixées à 200 euros, ont conduit à un bond des infractions relevées, passant de 160 700 en 2020 à 251 400 en 2022. Néanmoins, seulement un tiers de ces amendes ont été réglées, et la consommation de drogue, elle, reste stable.
Consommation de cannabis en France
La France se positionne comme le leader européen en matière de consommation de cannabis, avec 47,3 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ayant déjà consommé cette drogue au moins une fois en 2021. Ce chiffre dépasse celui de pays comme l’Italie ou l’Allemagne. La consommation a continué d’augmenter de façon continue depuis 30 ans, atteignant 50,4 % en 2023.
Le marché de la drogue
Le marché du narcotrafic en France est estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros, ce qui en fait le plus important du pays. Selon certaines estimations, ce marché emploie près de 200 000 personnes. Les trafiquants s’adaptent aux nouvelles technologies et utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leurs activités, rendant l’accès aux drogues plus facile qu’auparavant.
Violence et contrôle des territoires
Le contrôle des territoires est devenu un enjeu crucial pour les organisations criminelles en France, entraînant des violences publiques et des fusillades, notamment à Marseille. Ces violences créent un climat de peur, affectant la vie quotidienne des habitants. Un rapport sénatorial a souligné que cette situation peut être qualifiée de « narcoterrorisme ».
Opérations « coup de poing »
Les opérations menées par les forces de l’ordre, souvent médiatisées, s’avèrent peu efficaces pour démanteler les réseaux. Entre septembre 2023 et avril 2024, moins de 40 kg de cocaïne ont été saisis lors de 473 opérations. Les critiques fusent, notamment de la part de certains sénateurs, qui estiment que ces actions sont plus des coups de communication qu’une véritable stratégie efficace.
Une nouvelle approche en perspective
Le gouvernement actuel, sous la direction de Bruno Retailleau et du ministre de la Justice Didier Migaud, envisage de nouvelles mesures pour lutter contre le narcotrafic. Cela inclut la création d’un parquet national anticriminalité organisée et la mise en place d’une « DEA à la française », visant à cibler les têtes des réseaux plutôt que les petits dealers.