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Aux États-Unis, un débat intense fait rage autour des endorsements politiques des journaux, en particulier après les décisions des propriétaires milliardaires de deux grands médias, le Washington Post et le Los Angeles Times, de mettre fin à leur pratique de soutenir un candidat démocrate à la présidence. Cette évolution survient à quelques jours d’une élection présidentielle cruciale, prévue pour le 5 novembre.
Des décisions controversées
Les propriétaires du Washington Post et du Los Angeles Times ont empêché leurs équipes rédactionnelles de soutenir Kamala Harris, candidate démocrate, face au républicain Donald Trump. Ce changement marque une rupture avec une tradition de longue date au sein de ces journaux.
Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post et fondateur d’Amazon, a justifié cette décision en invoquant la nécessité de préserver un journalisme indépendant. “Notre rôle en tant que journal de la capitale du pays le plus important au monde est d’être indépendant. C’est ce que nous sommes et ce que nous serons”, a-t-il déclaré.
Peu avant, Patrick Soon-Shiong, propriétaire du LA Times, avait également annulé le soutien du journal à Harris, soulignant que l’objectif était de mieux informer les lecteurs, tout en leur laissant la liberté de décision.
Réactions et critiques
Ces décisions ont suscité des réactions vives parmi le personnel rédactionnel et les lecteurs, provoquant un débat sur la liberté de la presse et la nécessité pour les journaux de rester impartiaux lors des élections.
Des observateurs, comme l’ancien rédacteur en chef du Washington Post, Marty Baron, ont critiqué ces choix, les qualifiant de lâcheté, et suggérant qu’ils résultaient d’une intimidation de la part du camp républicain. “Cela nuit à la démocratie”, a-t-il affirmé sur les réseaux sociaux.
Historique des endorsements politiques
Les endorsements des journaux aux États-Unis remontent au soutien du Chicago Tribune à Abraham Lincoln en 1860. Le Washington Post a commencé cette pratique il y a 48 ans en soutenant le démocrate Jimmy Carter. William Lewis, son éditeur, a annoncé que le journal ne soutiendrait plus de candidat, revenant à une tradition de non-endorsement.
De son côté, le LA Times a suspendu ses endorsements présidentiels de 1976 à 2004, avant de soutenir Barack Obama en 2008. Actuellement, de nombreux journaux, comme le New York Times, limitent leurs endorsements à des élections nationales.
Impact des endorsements sur les élections
Historiquement, les endorsements des médias ont joué un rôle significatif dans les élections américaines. Une étude a démontré que les endorsements entre 1960 et 1980 avaient causé un changement important dans les préférences des électeurs, déplaçant plus de 20 millions de votants vers le camp républicain.
Dans le contexte actuel, avec une élection aussi serrée, l’absence de soutien de la part de journaux influents pourrait avoir un impact important sur les résultats. Les propriétaires du Washington Post et du LA Times ont peut-être pris un “risque calculé” afin de préserver leurs relations futures avec les candidats.
Endorsements à l’international
Le Royaume-Uni possède également une forte tradition d’endorsements par les journaux. En 1992, le journal The Sun a affirmé que son soutien avait influencé le résultat de l’élection, un événement qui a marqué les esprits. Récemment, The Sunday Times et The Sun ont soutenu Keir Starmer, soulignant l’importance des endorsements dans le paysage politique britannique.
Perception de l’impartialité médiatique
Les changements de politique au Washington Post et au LA Times soulèvent des questions sur l’impartialité des médias. Plusieurs experts signalent que l’absence d’une position éditoriale claire pourrait nuire à la confiance du public. Environ 200 000 abonnés du Washington Post ont annulé leur abonnement en protestation, tandis que le LA Times a également perdu des lecteurs.
Cette situation a conduit à des démissions au sein des deux journaux, certains journalistes ayant exprimé leur désaccord avec la direction actuelle en raison de la menace que représente Trump pour les principes journalistiques fondamentaux.