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La Croix interroge Peut l’Europe se défendre seule
La publication de La Croix souligne les propos du Président français Emmanuel Macron qui appelle à renforcer la souveraineté de défense européenne. Il évoque la construction d’une Europe capable, à terme, de se défendre seule en l’absence du parapluie nucléaire et traditionnel de l’armée américaine. Il parle d’une « Europe forte » qui « impose le respect », « garantit sa sécurité » et retrouve son « indépendance stratégique ».
La puissance militaire de l’Europe sur le papier
Sur le papier, l’Europe apparaît comme une grande puissance militaire avec ses 450 millions d’habitants, se classant troisième économie mondiale derrière les États-Unis et la Chine. Son budget militaire s’élève à 270 milliards d’euros, elle dispose de mille avions de chasse, en plus de sous-marins, d’armes nucléaires, de porte-avions, de frégates, de chars modernes, de satellites et de forces d’élite.
Les positions stratégiques entre les mains de l’Amérique
Les militaires dans le monde savent parfaitement que la diversité des forces et des budgets en Europe ne crée pas une puissance équivalente à celle d’un État qui consacre les mêmes efforts au développement de ses capacités. La division et le coût de ces répétitions représentent 32 % du budget de défense cumulatif de ces pays, selon le général Jean-Paul Perroche qui a dirigé les états-majors militaires de l’Union européenne à Bruxelles.
Alors que les armées de l’Union européenne ont appris à manœuvrer ensemble, à partager des canaux de transport, des procédures tactiques et des règles d’engagement, que ce soit dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou lors de missions conjointes des pays européens non membres de l’alliance comme l’Irlande, l’Autriche, Malte et Chypre, la coordination entre 27 armées reste un problème crucial, selon le journal.
Si l’Union européenne est parfaitement capable de commander une force de réaction rapide composée de quelques milliers d’hommes, cela est à peine suffisant pour assurer l’envoi d’une mission de maintien de la paix ou l’évacuation des citoyens, comme l’a souligné le général Jean-Paul Perroche en déclarant « pour mener une guerre, il faut une séquence de commandement », mais les dirigeants européens dépendent de l’OTAN et de la protection américaine.
Le journal met en garde contre l’absence d’une structure de planification et de gestion au niveau du quartier général stratégique de l’OTAN, car les directions sont disséminées entre l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas, tandis que « les positions stratégiques sont occupées par des généraux américains », ajoutant que Jean-Paul Perroche doute de la capacité des Européens à nommer un seul commandant militaire en cas de crise.
Leçon de l’Ukraine
La guerre en Ukraine a mis en lumière les faiblesses des arsenaux des États du Vieux Continent, illustrées par les obus et les munitions que l’Union ne produit pas en quantité suffisante pour approvisionner les forces de Kiev. La participation de l’Union européenne en Libye et dans la région du Sahel a montré que la France a besoin d’un soutien logistique des États-Unis, et il semble que les Allemands, les Polonais, les Néerlandais et les Scandinaves soient capables d’envoyer des armes modernes et efficaces, mais en quantités limitées.
Une dépendance accrue des équipements américains a été constatée ces dernières années, au détriment de l’industrie européenne de la défense. Malgré de nouvelles initiatives et des incitations financières à l’achat d’armes, on observe une baisse des achats communs entre les Européens, selon l’académicienne allemande Johanna Moring.
Enfin, La Croix conclut en soulignant que la dissuasion nucléaire est un autre exemple des points faibles de l’Europe, car la France, seule puissance nucléaire de l’Union, défend le principe de « stricte suffisance » avec moins de 300 têtes nucléaires, ce qui ne lui permet pas de remplacer le parapluie nucléaire américain, et ses partenaires européens ne cherchent pas à atteindre cet objectif.