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# La crise oubliée au Burkina Faso
Kongoussi, Burkina Faso – La crise des réfugiés au Burkina Faso, en proie aux conflits depuis 2019, est qualifiée de plus grave parmi les crises négligées en Afrique, selon un nouveau rapport. Ce pays d’Afrique de l’Ouest arrive en tête de liste des crises négligées pour la deuxième année consécutive, d’après le rapport publié lundi par le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Une crise humanitaire sévère et négligée
Avec un nombre record de 707 000 nouveaux déplacements à l’intérieur de ses frontières, la crise humanitaire au Burkina Faso s’est poursuivie sans relâche en 2023, tandis que des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées coupées de toute aide. En 2023, le nombre de personnes tuées dans les violences a doublé, atteignant plus de 8 400 décès. Parallèlement, le nombre de réfugiés burkinabés cherchant refuge dans les pays voisins a presque triplé, atteignant un total de 148 317 selon les chiffres du HCR.
Des déplacements massifs et des aides limitées
Un nombre sans précédent de 42 000 personnes ont souffert de niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire, et jusqu’à deux millions de civils étaient piégés dans 36 villes assiégées à travers le pays à la fin de l’année. Les groupes armés imposant des restrictions de mouvement, peu voire aucune aide humanitaire n’a atteint certaines de ces zones. Au moins un demi-million de personnes se sont retrouvées dans une situation de quasi-privation totale d’aide.
Insécurité alimentaire et blocages
Avec plus de 6 100 écoles fermées au printemps 2023, le Burkina Faso abrite près de la moitié de toutes les écoles fermées en Afrique centrale et de l’Ouest. Jusqu’à 400 structures de santé ont été fermées, et à peu près autant n’ont pu offrir que des services minimaux, laissant 3,6 millions de personnes sans accès aux soins de santé – une augmentation de 70 % par rapport à 2022.
Santé et éducation en crise
Le 8 février 2023, deux membres du personnel de Médecins Sans Frontières (MSF) ont été assassinés par un groupe armé dans le nord-ouest du Burkina Faso. C’est la première fois depuis le début du conflit que des travailleurs humanitaires nationaux d’une ONG internationale sont tués alors qu’ils apportaient une aide vitale.
Attaques contre les travailleurs humanitaires
L’accès routier à de nombreuses zones étant entravé par des incidents de sécurité, les organisations humanitaires se sont de plus en plus appuyées sur le transport aérien limité, entraînant une augmentation des coûts opérationnels et limitant encore davantage la quantité d’aide parvenant aux personnes dans le besoin. Le financement a diminué, aggravant la pression financière sur les organisations humanitaires. Seulement 39 % du plan de réponse ont été financés en 2023, contre 43 % en 2022.
Défis logistiques et financement
La couverture médiatique indépendante a diminué avec l’interdiction de travailler imposée à plusieurs médias internationaux et journalistes au Burkina Faso en 2023. De plus, la presse nationale a évité les sujets sensibles en raison des risques accrus.
Restrictions médiatiques
Un nombre sans précédent de 6,3 millions de personnes auront besoin d’une assistance humanitaire en 2024, et plus de deux millions restent déplacées à l’intérieur du pays. Bien que certains aient commencé à rentrer chez eux, les inquiétudes grandissent quant à la protection des civils. Les retours, qui doivent être volontaires, dignes et sûrs selon la Convention de Kampala, s’annoncent comme un enjeu humanitaire majeur pour 2024.
Perspectives pour 2024