Les dirigeants israéliens reconnaissent que l’épuration ethnique de deux millions de personnes est pratiquement impossible. Mais quel est l’avenir d’Israël? Sera-t-il une guerre sans fin? Il semble que la guerre sans fin soit l’objectif politique déclaré d’Israël.
Le journal espagnol « El Confidencial » a publié un rapport de l’écrivain Ilia Topper dans lequel il affirme que ce qui se passe à Gaza n’a pas de précédent et est inimaginable, c’est la plus grande tragédie depuis l’Holocauste.
En ce qui concerne la psychologie israélienne, la guerre actuelle à Gaza est différente de toutes les guerres précédentes. L’écrivain rappelle le slogan sur lequel Israël a été fondé il y a 75 ans par des sionistes du monde entier, déterminés à créer un endroit sûr pour les Juifs après l’Holocauste, le slogan était « Cela ne doit jamais se reproduire ».
Il dit que la comparaison entre l’Holocauste nazi et l’attaque du mouvement de résistance islamique (Hamas) est exagérée, mais elle résonne dans tout Israël, qui a toujours cru qu’elle était meilleure que les pays environnants ou qu’elle était comme « une cabane dans la forêt », selon l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak il y a 20 ans.
Le débat est utile pour Israël et l’écrivain a souligné que le débat sur l’existence ou non de photos d’enfants décapités ou sur la façon dont le Hamas a traité les otages n’est que dans l’intérêt du discours israélien qui est déterminé à ne pas parler des causes de cette guerre et n’explique pas la brutalité que des décennies de répression israélienne, de siège brutal et de la réalité de la vie à Gaza, cette terre ou cette prison découverte qui s’étend sur une superficie d’environ 400 kilomètres carrés et abrite deux millions de personnes.
Il a ajouté que la bestialité humaine, y compris celle exercée par le parti des Forces libanaises et les Serbes de Bosnie et d’autres brutalités longues et regrettables, ne peut pas être expliquée, elle n’existe tout simplement que. De même, la recherche d’explications sur la prétendue différence entre les Israéliens et les habitants de Gaza, les Israéliens étant une part de l’humanité, selon l’ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, tandis que les habitants de Gaza ne le sont pas, est également une propagande raciste. Le besoin d’Israël d’une guerre permanente et l’écrivain a souligné que la raison de la guerre est le besoin d’Israël de maintenir une guerre permanente, et c’est l’élément clé qui distingue la question palestinienne de tous les autres conflits de la planète.
Dans les autres conflits, chaque partie a un objectif: il peut être idéologique, où l’une des parties veut imposer une idéologie à toute une nation, ou l’objectif peut être la domination, ou l’annexion de territoires, ou l’indépendance d’une région particulière.
L’écrivain a souligné que ce qui distingue la guerre de Palestine de toutes les autres guerres dans le monde, c’est qu’il n’y a pas d’avantage à une victoire d’Israël, car elle ne donne pas aux Palestiniens l’option de la perdre, en disant que l’annexion complète de la Cisjordanie et de la bande de Gaza signifierait l’acceptation de millions de Palestiniens en tant que citoyens égaux aux Juifs.
Combien de temps Israël restera-t-il un État exclusivement juif? L’écrivain se demande : « Combien de temps Israël restera-t-il un État juif », c’est-à-dire un État considéré comme le foyer exclusif de tous les Juifs du monde, pour eux seuls, alors que près de la moitié de ses citoyens sont non-juifs.
Il se demande également : si les Palestiniens ne peuvent pas être des citoyens en Israël et si la terre sur laquelle ils vivent ne peut pas être en dehors d’Israël non plus, que reste-t-il? Est-ce qu’il reste un État d’apartheid avec tout ce que le mot signifie, où la moitié de la population n’est pas citoyenne en vertu de la loi? Et il dit : à moyen ou long terme, cela n’est pas durable, et même Washington ne pourra pas le défendre devant l’ONU.
L’écrivain a poursuivi ses questions: supposons-nous que tous les Palestiniens soient expulsés de Cisjordanie et qu’elle devienne un « territoire vide d’Arabes », comme le disait l’expression nazie célèbre? Il répond: « C’est ce que déclarent les extrémistes de droite sionistes sans honte, y compris les universitaires et les hauts responsables », ajoutant « mais expulser deux millions de personnes est un crime de guerre criant » et en plus de cela, il n’y a aucun pays proche ou lointain qui serait prêt à les accueillir, en particulier un pays arabe.
Quel est l’avenir d’Israël? L’écrivain Ilia Topper dit que les dirigeants israéliens savent que l’épuration ethnique de deux millions de personnes est pratiquement impossible et ils savent aussi que l’établissement de la ségrégation officielle est impossible dans la même mesure.
Il dit que « en rejetant catégoriquement les deux solutions possibles (l’intégration et la séparation), quel est selon vous l’avenir d’Israël? Sera-t-il une guerre sans fin? ». Il répond à sa question en disant: « Exactement, c’est une guerre sans fin ». C’est l’objectif politique déclaré de Benjamin Netanyahu et de ses partisans, ainsi que de tous ses prédécesseurs, même s’ils avaient l’habitude de le cacher.
En 2015, Betzalel Smotrich – qui était alors un nouveau député pour le parti d’extrême droite le plus extrémiste d’Israël, et qui est maintenant ministre avec Netanyahu – a déclaré ouvertement à la télévision : « L’Autorité palestinienne est un fardeau et le Hamas est un atout ».
Contrairement à l’Autorité palestinienne, qui s’efforce de négocier la paix et de faire des concessions en matière d’autonomie même modestes, pour lui « le Hamas est une organisation terroriste et personne ne lui permet de présenter une résolution aux Nations unies », c’est pourquoi Netanyahu a dit à son parti Likoud, en 2019, qu’il aurait dû permettre de financer le Hamas, « toute personne s’opposant à l’État palestinien devrait soutenir l’envoi d’argent à Gaza, car ce qui empêche la création d’un État palestinien, c’est de maintenir la séparation entre l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas à Gaza », c’est ainsi que le quotidien israélien Haaretz a rapporté ses paroles.
L’écrivain affirme que le Hamas était – et est toujours – utile pour Israël, car il lui permet de poursuivre la guerre et l’empêche de la gagner et de dicter les conditions aux perdants. Les promesses de Netanyahu d’éliminer le Hamas étaient fausses, car il ne peut se passer de l’ennemi unique avec lequel on ne peut pas faire de compromis, qui lui permet d’atteindre son objectif consistant à ne pas faire la paix.
Et ce n’est pas seulement Netanyahu et ses partisans, car le Hamas est l’ennemi unique qui permet à Israël de maintenir les idéaux sur lesquels il a été fondé il y a 75 ans.
Le danger de la paix pour Israël est la raison pour laquelle personne en Israël ne veut la paix, car ce serait un suicide collectif. Cela aurait pu se produire cette année. Avec la signature d’accords diplomatiques par les pays arabes les uns après les autres, le danger de la paix planait sur Israël, tout en alimentant la plus grande division interne que le pays ait jamais connue, connue sous le nom de la controverse « Réforme judiciaire ».
Pour la moitié d’Israël, Israël était à la croisée des chemins entre la démocratie et la dictature. C’était le premier tournant dans le tourbillon vers l’abîme. Et selon l’écrivain, certains en Israël pensent que le Hamas a temporairement sauvé Israël, et non seulement Netanyahu, mais aussi ses adversaires.
La réforme judiciaire a été reportée. Israël respirera en paix aussi longtemps que la guerre se poursuivra et que les promesses de l’élimination de l’axe du mal seront faites, puis tout recommencera. Et Topper conclut son rapport en disant qu’il est évident que la bombe que craint Israël n’est pas la bombe atomique iranienne, mais la démographie représentée par la courbe des naissances, et ce ne sont pas les Arabes ou les Palestiniens, mais les Juifs, la bête à l’intérieur, et il ne restera pas silencieux tant que l’ennemi sera à l’extérieur. C’est pourquoi le Hamas sera toujours indispensable pour Israël.
Source : El Confidencial espagnol