Israël valide une nouvelle installation illégale près de Bethléem
Israël a approuvé une nouvelle colonie illégale sur un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, situé près de Bethléhem en Cisjordanie occupée. Bezalel Smotrich, ministre des Finances d’extrême droite du pays, a annoncé mercredi que son bureau avait « achevé son travail et publié un plan pour la nouvelle colonie Nahal Heletz dans le bloc de Gush Etzion », un ensemble de colonies illégales au sud de Jérusalem.
Repli sur le droit international
Smotrich a affirmé sur X : « Aucune décision anti-israélienne ou anti-sioniste ne mettra un frein au développement des colonies. Nous continuerons à lutter contre le projet dangereux de création d’un État palestinien en créant des faits sur le terrain. » Toutes les colonies israéliennes de Cisjordanie, occupée depuis 1967 et habitée par environ 700 000 colons israéliens – y compris Jérusalem-Est occupée – sont considérées comme illégales au regard du droit international, peu importe qu’elles aient obtenu ou non une autorisation de planification israélienne.
Une menace pour les terres palestiniennes
Selon Nour Odeh, reporter à Ramallah pour Al Jazeera, Smotrich « montre ses muscles, signalant au monde qu’il se soucie très peu du droit international ». Odeh précise que le projet « dévore ce qu’il reste de terres palestiniennes dans la région de Bethléhem, qui a diminué à près de 10 % de sa taille originale ». Ce projet est situé « non seulement dans un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais aussi dans… le seul endroit restant pour l’agriculture, les pique-niques, et la planification et la construction ».
Le but ultime d’Israël
Muhannad Ayyash, analyste au sein du think tank palestinien Al-Shabaka, a déclaré à Al Jazeera que le « but ultime » d’Israël était d’« étendre la souveraineté juive israélienne sur l’intégralité des terres, du fleuve à la mer ». « L’utilité stratégique pour Israël reste toujours la même, que ce soit sur ce site ou un autre. Il s’agit toujours de fragmenter la population palestinienne et, de façon critique, de créer ce qu’il appelle des faits sur le terrain pour stopper la création de l’État palestinien », a-t-il ajouté.
Une menace culturelle
La nouvelle colonie de 60 hectares, qui a reçu une approbation préliminaire en même temps que quatre autres en juin, est située entre Gush Etzion et Bethléhem. Le groupe israélien anti-colonisation, Peace Now, a déclaré qu’elle entourera les maisons du village palestinien de Battir, un site classé au patrimoine mondial connu pour ses terrasses agricoles en escalier, ses vignobles et ses oliveraies. Le groupe a dénoncé le plan, le qualifiant d’« attaque en règle » sur une région « renommée pour ses anciennes terrasses et ses systèmes d’irrigation sophistiqués, preuves de milliers d’années d’activité humaine ».
Un rapport alarmant
Les actions d’Israël posent « une menace imminente pour une zone considérée comme d’une valeur culturelle inestimable pour l’humanité », a déclaré l’organisation dans un communiqué. Selon un rapport de l’Union européenne, l’année dernière, Israël a fait avancer des plans pour construire 12 349 logements en Cisjordanie occupée, le chiffre le plus élevé en 30 ans.