Israël sanctionne les Palestiniens en saisissant leurs fonds
NABLUS – Des graffitis hostiles tels que « Tout ce qui passe par le Hamas finit en ruine, cette imprimerie soutient le Hamas, et le Hamas équivaut à Daech » ont été inscrits sur les murs de l’imprimerie « Al-Manahel » lors de son invasion il y a quelques jours dans la ville de Nablus, au nord de la Cisjordanie. L’armée d’occupation israélienne a utilisé ces messages pour justifier sa destruction totale et la confiscation de son équipement.
À la fin du mois de décembre, l’armée d’occupation israélienne a lancé une campagne contre plusieurs bureaux de change dans différentes villes de Cisjordanie. Selon un communiqué, elle a confisqué environ 10 millions de shekels (1 dollar équivaut à 3.7 shekels), prétendant qu’ils finançaient et servaient de différentes manières le « terrorisme », faisant référence aux factions palestiniennes, notamment le mouvement de résistance islamique (Hamas).
En réponse, le Club des prisonniers palestiniens a accusé les autorités d’occupation de voler et de saisir l’argent et les biens des prisonniers lors des incursions dans leurs maisons. Dans un communiqué, le club a souligné que ces actions s’étaient intensifiées depuis le conflit dans la Bande de Gaza.
Il a été souligné que ces agissements s’inscrivent dans le cadre des politiques colonialistes et de remplacement, visant à « augmenter le coût de la lutte palestinienne, imposer des représailles collectives et cibler la présence palestinienne ».
Les propriétaires des institutions réfutent catégoriquement les allégations de l’occupation, affirmant que leur travail est surveillé par l’Autorité Palestinienne, est conforme à diverses procédures et respecte les licences octroyées, ce que la Palestine Monetary Authority a également confirmé.
![Destruction] (https://aljazeera.net/wp-content/uploads/2024/01/PRINTER-3-1705586051.jpg?w=770&resize=770%2C513)
Les forces d’occupation ont détruit les tableaux principaux des machines dans une imprimerie palestinienne par vengeance (Al Jazeera)
Motivée par la vengeance et la vindicte
Mais ce qui s’est passé à l’imprimerie Al-Manahel, comme le raconte son propriétaire Mu’adh Zuqan à Al Jazeera Net, « démontre le mensonge de l’occupation et ses fausses accusations, ainsi que son véritable désir d’inciter contre elle ». Le sabotage a spécifiquement ciblé les machines et reflétait une volonté de « vengeance ».
Zuqan affirme que l’occupation a délibérément causé la destruction et anéanti leur source de revenus en se basant sur des suppositions qui révèlent son désarroi et son incapacité à prouver des accusations contre eux. Il a révélé que l’assaut sur l’imprimerie a coïncidé avec l’invasion de leur maison et a duré des heures, pendant lesquelles ils ont endommagé les réseaux électriques et détruit le contenu de la maison à la recherche d’argent prétendument caché, et ont saisi son véhicule personnel.
L’occupant n’a pas averti l’imprimerie de violations présumées des lois ou procédures militaires et n’a jamais porté d’accusations contre ses opérateurs. Bien que l’imprimerie ait été envahie et détruite en novembre dernier, aucun équipement n’avait été confisqué à ce moment-là comme ce fut le cas récemment.
Le propriétaire de l’imprimerie a également noté que début novembre, l’occupant avait emprisonné son père et l’avait placé en détention administrative, « car ils ne pouvaient prouver aucune accusation contre lui ». En 2020, l’armée d’occupation l’a convoqué à une enquête à la base de Hawara, au sud de Nablus, où un officier a confirmé qu’il savait que Zuqan ne publiait pas de matériel imprimé pour n’importe quelle faction palestinienne, en particulier le Hamas, et que son travail était purement commercial.
Zuqan ajoute que l’occupation, qui n’avait pas fermé l’imprimerie contrairement à de nombreuses autres imprimeries dans d’autres villes de Cisjordanie après le 7 octobre, a tout de même attaqué l’imprimerie par « vengeance et représailles », endommageant des objets comme des armures décoratives et des modèles représentant la carte de la Palestine ou le Dôme du Rocher. Ils ont également écrit sur les murs, en hébreu, la phrase « Le peuple d’Israël est vivant » accompagnée du symbole de l’étoile de David.
Des mesures qui engendrent l’explosion
Des médias israéliens ont rapporté mercredi qu’un membre du Knesset du parti « Likud », Dan Ilouz, avait proposé une loi prévoyant des « sanctions » contre les banques et les bureaux de change en Cisjordanie et à Gaza qui transfèrent des salaires de l’Autorité Palestinienne à des prisonniers libérés et aux familles de martyrs.
À cet égard, Khalidoun Barghouti, analyste des affaires israéliennes, estime qu’Israël traite les Palestiniens dans leur ensemble à travers un prisme sécuritaire, reposant sur la notion qu’il est impératif de se débarrasser d’eux par des moyens sécuritaires et militaires, car leur existence même représente une menace sécuritaire et un fardeau pour Israël.
Barghouti explique que le problème avec la mentalité israélienne est qu’elle pense selon la théorie de « brûler la conscience » qui a prouvé son échec, et que chaque tentative dans cette direction donne après des années des résultats encore plus radicaux à l’égard d’Israël.
Pour cette raison, les actions de l’occupant, qui incluent la confiscation de fonds et de propriétés, font partie d’une démarche « vindicative ». Au lieu de dissuader, elles accumulent de la colère et pourraient précipiter un éclatement imminent, un événement que même Israël s’attend à voir se produire sans savoir ni quand ni comment.