Insatisfaction et colère en Tunisie après les propos du président de l’ISIE
La récente déclaration du président de l’Instance Supérieure Indépendante des Élections (ISIE), Farouk Bouasker, a suscité une vague de critiques et d’inquiétudes en Tunisie. Cette controverse découle de ses propos sur la possibilité d’exclure certains candidats à l’élection présidentielle, malgré des décisions de justice administratives favorables à ces derniers.
Contexte juridique et contestations
La cour administrative a récemment pris des décisions alors considérées comme définitives et incontestables, en réintégrant plusieurs candidats dans la course présidentielle prévue le 6 octobre prochain. Parmi ces candidats figurent le dirigeant de l’ancien parti du Congrès pour la République, Imed Daïmi, l’ancien ministre sous le régime de Ben Ali, Mondher Zenaidi, et Abdel Latif Mekki, le secrétaire général du parti du travail et de la réalisation.
L’ISIE avait précédemment rejeté leurs candidatures, expliquant qu’ils ne satisfaisaient pas les critères d’éligibilité. En réponse, l’opposition a accusé l’ISIE de tenter délibérément d’exclure des adversaires politiques du président Kaïs Saïed, en élargissant les conditions d’éligibilité de manière injuste.
Signalements de tensions
Les inquiétudes se sont intensifiées avec les derniers commentaires de Bouasker, qui ont été perçus comme une menace potentielle pour l’intégrité de l’élection. Selon Bouasker, l’ISIE procédera à l’annonce d’une liste définitive des candidats seulement après avoir vérifié les raisons évoquées par la cour administrative et les affaires pénales en cours à l’encontre de certains candidats, accusés de falsification.
Des critiques ont également fusé sur les réseaux sociaux, poussant l’ISIE à restreindre les commentaires sur sa page officielle. Les partis d’opposition ont exprimé leur indignation, qualifiant les déclarations de Bouasker de déstabilisatrices pour le processus électoral, en raison des violations graves survenant depuis le début.
Réactions des parties concernées
Des experts juridiques soulignent que seule la cour administrative est habilitée à trancher les litiges électoraux. L’ancien juge administratif Ahmed Souab rappelle que la loi électorale stipule clairement que l’ISIE doit se conformer aux décisions judiciaires et que toute conteste à ces décisions est illégale.
Pour Souab, les questions de falsification en cours ne peuvent pas être utilisées pour invalidifier des candidatures, tant que les jugements ne sont pas définitifs. D’autres politiciens, comme Abdel Wahab Maâtar, décrivent les insinuations de Bouasker comme irresponsables, insistant sur le fait qu’aucun texte légal ne permet à l’ISIE de contester les jugements de la cour.
Perception de l’ISIE comme bras armé du pouvoir
Les observateurs suggèrent que l’ISIE pourrait être perçue comme un relais au service de Kaïs Saïed, des accusations renforcées par son silence sur des actes considérés comme des malversations électorales. Les tensions se sont intensifiées lorsque des tensions ont émergé entre Bouasker et le porte-parole de l’ISIE, qui a affirmé que les décisions judiciaires étaient sans appel.
Des critiques similaires à celles de Sami Ben Selama, ancien membre de l’ISIE, pointent du doigt l’incapacité de Bouasker à défendre l’intégrité de l’institution face aux décisions judiciaires. Ce dernier appelle à la neutralité et à l’adhésion stricte à la loi pour préserver la confiance des électeurs.
Perspectives sur l’élection présidentielle
En attendant l’annonce de la liste des candidats, prévue pour le 4 septembre, la situation demeure incertaine. Les appréhensions sur un éventuel report de l’élection par le président Saïed, en raison d’un prétendu « danger imminent », affolent davantage les observations des analystes qui s’interrogent sur les réelles chances d’un scrutin juste et transparent.