Sommaire
Après 16 ans de procès pour obtenir réparation des horreurs qu’ils ont subies dans la prison irakienne d’Abou Ghraib, trois anciens détenus ont obtenu chacun 14 millions d’euros de l’entreprise privée américaine CACI International.
Tortures et humiliations
Ce mardi, un tribunal fédéral a ordonné à CACI International, entreprise sous-traitante de l’armée américaine, de verser un total de 42 millions d’euros à trois anciens détenus d’Abou Ghraib. Cette entreprise, à laquelle l’armée avait délégué les interrogatoires des détenus, a été reconnue responsable de « tortures, traitements cruels, inhumains ou dégradants » subis par ces Irakiens, selon la décision d’un jury de l’État américain de Virginie.
La voix des détenus
Parmi les plaignants se trouvent un directeur d’école, un marchand de fruits et le journaliste Salah al-Ejaili, actuellement en Suède. Ce dernier a déclaré : « Aujourd’hui est un grand jour pour moi et pour la justice. J’ai attendu longtemps pour voir ce jour. Ce n’est pas seulement la victoire des trois plaignants dans cette affaire contre une entreprise », a-t-il ajouté.
Baher Azmy, directeur juridique du Centre pour les droits constitutionnels (CCR) qui représentait les plaignants, a souligné leur courage : « Nos clients se sont courageusement battus pendant 16 ans pour obtenir réparation des horreurs qu’ils ont subies à Abou Ghraib, contre tous les obstacles que cet énorme sous-traitant privé de l’armée a mis sur leur chemin ».
Un long chemin judiciaire
En 2014, après des années de procédures, une cour d’appel fédérale avait autorisé les poursuites judiciaires contre CACI International. Les plaignants ont invoqué l’Alien Tort Statute (ATS), une loi fédérale de 1789 permettant aux étrangers victimes de violations du droit international d’être entendus devant les tribunaux américains. Ils soutenaient que, dans leurs cas, les soldats étaient de facto sous les ordres des interrogateurs privés de CACI.
En revanche, CACI a affirmé que l’armée américaine exerçait un contrôle total sur les interrogatoires et les techniques utilisées. Des employés civils de CACI ont été accusés d’avoir encouragé les militaires à maltraiter les prisonniers pour les préparer aux interrogatoires.